Des gens se préparaient à faire un concours d’énigmes. L’un,
réputé pour son habilité, dit aux joueurs de son camp : « je parlerai
le premier au nom du groupe ». Ses collègues s’y rallièrent, tout en lui
demandant de leur révéler les énigmes qu’il allait proposer. Il s’y opposa
farouchement, leur disant que s’ils ne lui faisaient pas confiance, qu’ils
prennent quelqu’un d’autre.
Le jour du concours arriva, notre homme semblait si sûr de
lui que tous, amis et adversaires, attendaient avec impatience l’énigme.
Enfin cet homme proposa : « un arc tendu dans le
ciel » (= un quartier de lune).
Ses adversaires en riaient déjà, trouvant l’énigme facile.
Ses amis regrettaient déjà de lui avoir fait confiance.
L’adversaire qui se confrontait à lui commença à
plaisanter : « non, je ne sais pas du tout ce que c’est » dit-il
tout en riant.
Notre homme s’écria : « mettez la
marque ! » et le point lui fit attribuer.
Ses adversaires protestèrent en disant que c’était
absurde : tout le monde savait répondre à cette énigme, mais notre homme
maintint sa position : « il a dit qu’il ne savait pas ; pourquoi
n’aurait-il pas perdu ? »
Pour les énigmes suivantes il donna par ses arguments la
victoire à son équipe.
Les partenaires du perdant pouvaient vraiment le maudire.
Mais de quelle mauvaise humeur avaient dû être les amis du vainqueur en
entendant ses premiers mots.
Extrait du livre
« Notes de chevet » de Sei Shônagon, Gallimard, 2015
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