Il était une fois, il y a bien
longtemps de cela, dans un pays extraordinaire, une jeune fille qui vivait au
bord d’un grand canal. Elle vivait avec ses parents dans une petite maison
toute simple, attenante à une écluse.
Durant son enfance, elle passa ses
journées à suivre son père ainsi que les hommes de son équipe, qui géraient
tous les mouvements de l’eau, liés à la fermeture, comme à l’ouverture de
l’écluse, lors du passage des nombreuses péniches.
Lorsqu’elle eut atteint un certain âge, elle
dut partir à la grande ville pour y poursuivre ses études.
Elle entretenait avec son père une
correspondance dans laquelle elle retrouvait toutes les sensations agréables de
son enfance, liées à l’écoulement paisible et fluide, ainsi qu’au murmure doux
et régulier de l’eau, filtrée savamment à travers l’écluse.
Puis un jour, elle dut se rendre chez
elle, au chevet de son père qu’un grave accident venait de terrasser.
A peine arrivée, un terrible orage éclata.
Toute la pluie du ciel semblait s’abattre sur les environs.
Les bourrasques de vent projetaient
violemment la pluie contre la petite maison.
Au fur et à mesure que le déluge
s’abattait, la rapide montée des eaux fit naître un sifflement puis un
grondement qui s’échappait de l’écluse en saccade. Ce débit inhabituel allié
aux conditions environnantes déclencha la panique parmi les hommes de l’équipe.
L’un deux eut l’idée d’ouvrir toutes
grandes les vannes avant de s’enfuir. Cette action provoqua une explosion, un
vacarme, un tumulte faisant jaillir l’eau sous pression dans une cataracte
assourdissante. Dès lors toute parole devenait inaudible, absurde.
Perturbée par le bruit intense et anormal
de l’écluse, la jeune femme se rendit calmement sur les lieux. Elle avait
acquis auprès de son père qu’elle suivait pas à pas tous les gestes adaptés à
chaque circonstance. Avec méthode et calme, elle parvint à réguler
progressivement, le flux des eaux qu’elle finit par maîtriser totalement,
tandis que la tempête faisait encore rage. Elle réussit ainsi à contenir les
eaux de l’amont, qu’elle laissa filer, vers l’aval, dans un flux régulier et
calme.
Maintenant l’orage s’éloignait peu à peu,
la pluie diminuait jusqu’à finalement cesser, écartant le danger qui pesait.
A nouveau le calme et l’harmonie,
s’installaient de part et d’autre de l’écluse qui avait retrouvé un débit naturel
et régulier. Alors elle prit conscience que l’homme qui l’avait abandonnée,
seule et désespérée, n’avait simplement pas su faire face, à une situation dans
laquelle il l’avait plongée.
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