jeudi 19 janvier 2017

Conte de Savoie : le carrosse d'or

Bien avant que le château de Montmayeur ne soit occupé par les nobles seigneurs de nom, il y avait un fort riche châtelain avec sa femme et sa fille douée d'une grande beauté, et pourvue de nombreux prétendants.

Le père, cependant, ne tenait pas à ses séparer de cette enfant qui faisait la joie de son coeur et de ses yeux. Aussi, pour décourager les éventuels fiancés, imagina-t-il de promettre d'accorder la main de sa fille à celui qui lui amènerait un carrosse en or massif. Une merveille décorée et tirée par quatre palefrois d'une blancheur immaculée.

Trois frères, sincèrement amoureux, rêvaient de découvrir la voiture féerique. Les deux aînés, orgueilleux, méprisants, furent promptement éliminés de la compétition par une fée protectrice de la jeune fille. Le troisième frère, alors que, découragé, bredouille, ayant parcouru bien des lieues sans découvrir le carrosse, revenait chez lui, il croisa une pauvre vieille femme, la raccompagna chez elle et lui donna une bourse rondelette.

Arrivé en face de sa demeure, il voit le carrosse tant convoité ! Envahi de joie à la pensée de la jeune fille qu'il aimait, il grimpe aussitôt sur le siège du cocher et fait claquer le fouet pour galvaniser les nobles bêtes.

Peu après, il rencontra un homme épuisé. Il l'invita à monter, et son passager lui apprit que son ouïe était si fine qu'elle lui permettait d'entendre lever l'avoine semée du matin.

Sur ce fait, amusé, le jeune seigneur invite de même un homme qui assurait n'avoir pas pris de nourriture depuis un siècle entier., et enfin un autre pauvre hère dont la soif était si ardente qu'il prétendait pouvoir boire le contenu du canal de Savières.

Presque parvenu aux pieds du château de sa bien-aimée, il prit soin de ne pas écraser une cane et ses canetons.

Le père de la belle ne tint pourtant pas sa promesse, à moins, dit-il en riant : « Que ce beau jeune homme ne puisse entendre le secret que je vais confier à ma femme ». On s'en doute, l'homme à l'ouïe très fine perçut la moindre parole du seigneur, pourtant murmurée à l'oreille de son épouse.

Moins souriant, moins ironique, le père possessif proposa au deuxième homme de dévorer tout le pain contenu dans le château, y compris le pain rassis et celui qui cuisait... L'homme, affamé depuis tant d'années, ne fit qu'une bouchée de ces multiples miches, aussi bien des vieux croûtons que des pains dorés et odorants, tout chauds, sortant du four.

Le seigneur ne souriait plus, et il ronchonna : « Si l'un de vous peut boire tout le vin des vignes du pays... ». A peine eut-il le temps d'achever sa phrase que le troisième homme si assoiffé avait asséché les vignes de la région.

Le seigneur pensait encore avoir un atout à jouer : « Me voilà bien obligé de vous donner ma fille, mais, hélas ! j'ai perdu dans l'Isère la clef de la salle au trésor où elle était enfermée... ». Le jeune soupirant commençait à désespérer quand un joyeux concert de "coin-coin" se fait entendre : c'était, suivie de ses canetons, la cane qui arrivait, tenant la clef dans son bec !

Comme le dit un vieux proverbe : un bienfait n'est jamais perdu...


Source : http://contepourenfants.over-blog.com/

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