« Il était une fois un brin d’herbe. Il était
totalement désespéré, tantôt congelé par le froid, tantôt inondé par les
pluies, ou brûlé par le soleil, et parfois même piétiné par des centaines de
grosses chaussures et de bottes. Dès lors qu’il commençait à être heureux, à
s’étendre vers le ciel bleu et la chaleur du soleil en écoutant les oiseaux
s’interpeller et en sentant la brise le caresser, il était tondu ou aplati et
compressé contre la terre.
Un jour, ne sachant pas ce qu’il faisait, quelqu’un le coupa
si court qu’il savait à peine respirer et ne pouvait certainement plus entendre
le chant des oiseaux ou sentir la brise. Mais, on ne sait pas comment, quelques
jours plus tard, il remarqua qu’il avait légèrement grandi et qu’il pouvait à
nouveau s’étirer et voir le ciel.
Malheureusement, après quelques semaines, le soleil le brûla
si fort qu’il perdit sa couleur verte et devint brun et sec. Il pensa que sa
fin était proche jusqu’au moment ou la pluie tomba et qu’il put boire goulûment
et s’imprégner d’humidité. Bientôt, il regagna en couleur.
Il y avait toujours quelque chose qui semblait arriver pour
le blesser, ou pour le mettre en danger ; la gelée et la neige, le soleil
brûlant, les gens qui marchaient, couraient ou sautaient sur lui. Il était
désespéré, ça ne valait pas le coup de vivre de cette manière.
Un jour un joli papillon se posa non loin de lui. Quelque
chose de magnifique émanait de ce papillon et le brin d’herbe commença à lui
parler pour en arriver à lui raconter son histoire misérable.
Le papillon fort sympathique, commença à lui parler. “Je
peux comprendre ce que tu ressens mais je dois dire que je suis assez surpris
d’entendre ton histoire. Vois-tu, de ma perspective, vu d’en haut, au-dessus de
toi, je te regarde chaque jour. Je vois que tu es tellement flexible que la
pire des tempêtes ne te casse jamais, peu importe ce qu’il t’arrive – être
écrasé de façon répétitive, être gelé ou brûlé, tu te relèves toujours, lèves
les yeux et t’étends vers le ciel et les nuages. Et quand le vent souffle je
peux entendre ta chanson, jolie et légère.
Le brin d’herbe remercia le papillon et resta silencieux
pendant longtemps. Puis, il commença à murmurer un chant joyeux – car il avait
enfin réalisé que toute sa vie était un succès et non un échec.”
Source : https://pausedetente.jimdo.com/
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