mercredi 19 février 2020

L’histoire de Hassan Ibn Mohammed Al-Wazzân

Il est né en 1486 à Fès au Maroc. Il devient diplomate. En 1518, de retour de pèlerinage à La Mecque, il est capturé par un pirate chrétien. Le pirate, au lieu de vendre comme simple esclave ce diplomate de haut rang, choisit plutôt de l’offrir au pape Léon X. Le pape, impressionné par son esprit, lui rend sa liberté en échange de sa conversion. Et, à à la faveur d’un peu d’eau versé sur sa tête, Hassan Al-Wazzân change de religion et devient Léon l’Africain

Et toute sa vie est comme ça. 

Ni destin, ni hasard, toujours entre les deux. Un pont. Il voyage, côtoie les plus humbles comme les plus puissants, rencontre des tribus, apprend des langues. Contemporain de Vinci et de Machiavel, il passe dix années à Rome où il écrit un immense traité de géographie pour raconter aux Européens une Afrique insoupçonnée et se lie d’amitié tant avec les juifs qu’avec les chrétiens. 

Et quand finalement il retourne chez lui, on perd sa trace. Personne ne sait où il est mort et on n’a jamais trouvé sa tombe. Il disparaît, il s’évanouit.

Son histoire permet de répondre à certaines questions que notre époque nous pose : faut-il à ce point s’attacher à nos identités perdues ? Qu’est-ce qu’une vie entre deux mondes ? Qu’est-ce qu’un migrant ? Qu’est-ce qu’un réfugié ? Qu’est-ce qu’un mutant ? 

Source : Wajdi Mouawad , « tous des oiseaux », Babel 2018   

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