jeudi 20 août 2009

L’enfance d’un leader (3)


Jery, au bout de quelques temps, revient voir son père : « j’ai déterminé la direction vers où je veux emmener mon équipe. Je les ai emmenés en haut du bâtiment et je la leur ai montrée. Ils s’en moquent et préfèrent faire leur travail au quotidien. Le futur et surtout la direction où les emmener ne les concerne pas ils ont sûrement raison. A quoi sert d’être un grand chef maintenant ? Cela viendra en son temps. Pourquoi se presser ? On ne fait pas le bonheur des gens malgré eux. »

Son père l’écoute attentivement, l’invite à s’asseoir et lui raconte l’histoire suivante : « Il était un roi qui régnait sur une belle contrée. Il gouvernait sagement et cherchait le bonheur de ses sujets. Il faisait bâtir pour son usage et celui de ses sujets divers bâtiments par son architecte principal, un homme de grande expérience et respecté.

Celui-ci vint le voir pour lui qu'il souhaitait arrêter sa charge d'architecte royal. Il sentait que sa santé déclinait et il n'avait plus la force et le courage de courir d'un bout à l'autre du royaume pour gérer les chantiers. Il lui précisa qu'il avait formé de nombreux jeunes architectes qui sauraient prendre la relève et répondre aux désirs de sa Majesté.

Le roi s'en désola, lui dit qu'il le regretterait et lui demanda un dernier service : construire une dernière résidence pour lui. L'architecte refusa, lui proposant des remplaçants pour cette tâche, puis devant l'insistance du roi, finit par accepter.

L'architecte y mit au début tout son cœur, mais petit à petit, s'en désintéressa, le cœur n'y étant plu. Les entrepreneurs et les ouvriers en profitèrent pour tricher sur la qualité des matériaux et bâcler les finitions. L'architecte, peu présent, n'y vit que du feu.

Les travaux terminés, le roi vint inaugurer le nouveau petit palais. Il parcourut rapidement le bâtiment, s'extasia devant la qualité apparente et prit à part son architecte pour lui dire : "Ce palais est …pour toi ! C'est mon cadeau pour te témoigner ma reconnaissance".

L'architecte remercia le roi et dut vivre dans son palais. Très vite, les imperfections lui sautèrent aux yeux et il s'en désola. Quand il rencontrait le roi ou un de ses principaux ministres, il ne pouvait rien en dire. Il était maintenant condamné à vivre dans le bâtiment qu'il avait lui-même laissé construire.

Tu vois, mon fils, il en est de même de notre travail et de notre avenir. Nous les construisons progressivement au fil du temps, profitant parfois d'opportunités qui nous détournent de notre chemin, prenant des raccourcis, reportant au lendemain des décisions de fond… Un beau jour, nous réalisons que nous avons à vivre avec ce que nous avons bâti et que nous ne pouvons aller en arrière. Bien sûr, nous pouvons modifier son cours, mais au prix de quels efforts…

Alors, si tu reste un petit chef, tu as peu de chances d’être reconnu comme un grand chef plus tard. Chaque jour, lorsque tu dois décider et agir, imagine que ce que tu fais t’engage : une pierre pourrie dans une construction suffit pour amoindrir celle-ci. »

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