Je ne parle pas ici des bulles de savon ou de celles des
bandes dessinées. Je souhaite m’entretenir avec vous des bulles de verre (ou
autres matériaux similaires) qui commencent à enchâsser nos monuments.
Voici une photo de la gare de Strasbourg, ou comment une
belle façade a disparu sous une telle bulle.
Quelle signification donner à cette réalisation : une protection
contre les intempéries ? Un rempart contre l’érosion ? Un écrin de
protection ? Peut-être tout cela à
la fois, peut-être autre chose encore.
Une bulle facilite le maintien en l’état, mais elle ne
permet guère l’adaptation de l’objet protégé au fil des années. En effet, un
bâtiment vit et doit s’adapter à la fois à l’érosion et aussi aux nouvelles
habitudes de ses usagers. C’est là tout
le débat. Si nous avons le Louvre aujourd’hui par exemple, c’est parce que les
Rois successifs puis les républicains qui ont géré le bâtiment, l’ont agrandi,
transformé, revu (après le gigantesque incendie de 1870)… Il n’est pas dit que
ces anciens propriétaires le reconnaîtraient aujourd’hui. Si, à l’opposé, l’un
d’entre eux l’avait mis sous bulle, il y a de grandes chances qu’il ne serait
pas le magnifique bâtiment qu’il est devenu aujourd’hui.
Le risque de mettre sous bulles est de fossiliser le
bâtiment et de bloquer (a minima) son
évolution extérieure. Nous avons beau être dans un changement profond de notre
style de civilisation, nous donnons par ce biais le sentiment de vivre sur nos
acquis et d’encenser le passé en le figeant.
Avec de telles bulles, ni la Tour Eiffel, ni la pyramide du
Louvre n’auraient vu le jour. D’ailleurs qui nous dit qu’un jour on ne mettra
pas la Tour Eiffel sous bulle ?
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