vendredi 7 novembre 2014

Conte berbère : Anzar, le dieu de la pluie


Anzar est le nom masculin de la pluie. Anzar apparaît comme l'élément bienfaisant qui renforce la végétation,  donne les récoltes et assure le croît du troupeau. 
La pluie, elle-même assimilée à la semence, entre donc dans les pratiques de magie sympathique. Pour obtenir la pluie longue à venir, il faut solliciter Anzar et tout faire pour provoquer son action fécondante. 
Tout naturellement et sans doute depuis un temps très ancien, les Berbères ont pensé que la plus efficace des sollicitations était d'offrir à Anzar une « fiancée » qui, en provoquant le désir sexuel, créerait les conditions favorables à l'écoulement de l'eau fécondante.

Autrefois, il y a bien longtemps,  vivait dans un village perché une belle jeune femme. La belle fille avait l’habitude de se baigner dans la rivière à l’extérieur du village comme elle était née. Elle était tellement belle qu’Anzar, le dieu des eaux, tout en haut, dans son trône, ne pouvait plus se retenir.  Prenant la forme d’un homme, il apparut à la fille qui, surprise et épouvantée, enfouit son corps  sous l’eau. Anzar s’excusa de l’intrusion et se présenta à elle. La jeune nubile, intimidée et confuse, était émerveillée, mais refusa de le suivre dans sa demeure. 
Sur ce,  Anzar, le dieu des eaux, se retira dans son trône, là-haut et bouda, ce qui arrêta les eaux et la pluie, Le lendemain, les hommes se réveillèrent sur les fontaines qui tarirent, les rivières qui n’émirent plus un murmure; il n’en restait plus que des galets qui on dirait n’avaient jamais bu une goutte de pluie. Bientôt, il ne resta plus rien dans le silo pour le mettre sous la dent. C’est ainsi que la jeune nubile, n’en pouvant plus de taire le pesant secret, alla tout raconter à sa mère.
 La nouvelle se répandit dans tout le pays. Dès le lendemain arrivèrent de tous les villages des processions d’hommes et de femmes pour  supplier la belle jeune femme d’accéder à la demande d’Anzar afin que coule la vie à nouveau et que ne rôdaille plus la terrible malédiction.
La jeune fille fut alors parée par la matrone du village.  La jeune femme suivie d’un grand cortège, où l’on entendait les rires des enfants, des youyous, des chants nuptiaux, le sourire rayonnant sur sa son visage, fut élevée sur la crête d’où l’on pouvait surplomber l’arc-en-ciel. Soudain, quand la jeune femme finit de monter sur la crête, un magnifique arc-en-ciel se dessina au lointain et la happa soudainement. On sut alors qu’Anzar, était revenu prendre sa fiancée qui habitait désormais dans sa demeure au ciel. Aussitôt après, les nuages s’assombrirent, les rivières firent couler leurs serpents repus qui chatoient en dévalant la montagne, la verdure habilla à nouveau les collines, le duvet escalada les arbres d’où émanèrent bientôt de doux ramages et de tendres gazouillis; la malédiction fut chassée loin de la terre des hommes et des bêtes.
Aujourd’hui encore, pour solliciter la pluie, on habille de chiffons une poupée de bois, simplement suggérée par un pilon ou une louche et dont les bras sont figurés par deux cuillers destinées à recevoir et à conserver symboliquement l'eau de pluie tant attendue.


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