Il était un
renard qui avait pour voisin un ours. Un beau jour, il vint le trouver et lui
dit :
- Ecoute-moi.
Avec ta force et ma ruse, si nous nous unissons, nous pourrons facilement nous
enrichir. Prenons un champ, labourons-le ensemble, ensemençons-le, puis nous
nous partagerons la récolte et chacun de nous vendra sa part au marché.
- Je
sais que tu vas me rouler.
Le renard prit
un air fâché.
- Allons,
Michka, ce n’est pas gentil ce que tu dis là. Nous sommes deux bons camarades
et je ne te roulerai jamais. La preuve : nous partagerons la récolte en
deux parts, et c’est toi qui choisiras celle que tu préfères. Je prendrai celle
dont tu n’auras pas voulu. Qu’en penses-tu ?
- Comme
ça, je suis d’accord, dit l’ours.
Ils
labourèrent le champ et y semèrent des pommes de terre. Enfin, « ils
labourèrent », c’est une façon de parler. L’ours étant le plus costaud,
c’est qui s’attela à la charrue, tandis que le renard trottinait à ses côtés et
le houspillait.
- Tu
traînes ! Tu pourrais aller plus vite, quand même, gros flemmard !
L’automne
vint, le champ se remplit de jolies tiges souples aux fines feuilles d’un vert
tendre, sous lesquelles avaient gonflé de gros tubercules d’un gris sale. Le
renard proposa à l’ours :
- Eh
bien, Michka, à toi de choisir : les tiges ou les tubercules ? Le
dessus ou le dessous ?
L’ours pensa à
par lui : « Pas si bête ! Le renard voudrait peut-être que je me
prenne ces grosses boules sales toutes cabossées. Personnes ne voudra me les
acheter. » il se dépêcha de cueillir le dessus, ce qu’on appelle les
fanes, tandis que le renard déterrait les tubercules. Puis ils partirent l’un
et l’autre pour le marché. Le renard, évidemment, écoula vite ses pommes de
terre, tandis que l’ours resta aves ses fanes sur les bras. Bien plus, l’ours
devint la risée de tout le marché.
- Alors,
voisin, nous recommençons comme l’année dernière ? Nous cultivons le champ
ensemble, et c’est moi qui choisirai ma part de la récolte.
Comme l’année
précédente, c’est l’ours qui laboura, tirant la charrue aussi fort qu’il
pouvait, tandis que le renard lui reprochait de ne pas en faire assez.
Ensuite, ils
semèrent du blé. Une fois qu’il eût mûri, ils entreprirent de partager la
récolte.
- Alors,
Michka, demanda le renard, à toi de choisir. Le dessus ou le dessous ?
- Le
dessous, bien sûr !
- Tu
ne pourras pas dire que je t’ai empêché de faire ce que tu voulais, remarqua
innocemment le renard. Je me contente de ce que tu mes laisses.
Le renard
faucha les tiges du blé et battit le grain, tandis que l’ours déterrait les
racines. Quand l’ours arriva au marché, tous les acheteurs se le montraient du
doigt. L’ours était fou de rage.
- Ah,
c’est comme ça, dit-il au renard. Tu vas me le payer, et cher !
L’ours,
confiant dans sa grosse voix, proposa au renard un concours de grognements.
Celui qui grognerait le plus fort dévorerait l’autre.
L’ours gonfla
sa poitrine, ouvrit si grand sa gueule qu’il en ferma les yeux, et lança un son
tellement puissant qu’il s’assourdit lui-même. Le renard, se voyant sans
surveillance en profita pour se sauver. Un ours sait crier fort, mais un renard
sait courir vite. Le nôtre, personne ne l’a encore rattrapé.
Source : https://sandradivenezia.wordpress.com/2010/04/04/le-renard-et-l%E2%80%99ours-conte-russe/
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