Une jeune princesse possédait toutes les
qualités que l'on pût désirer. Son père
l'adorait et ne lui refusait rien. La princesse cependant avait un
défaut : se considérant comme une personne parfaite, elle exigeait que
tout autour d'elle le fût également. Évidemment, aucun prétendant ne trouvait
grâce à ses yeux. Son père insistait pour qu'elle se mariât, mais elle refusait
tous les jeunes gens qu'il lui présentait. Un jour que son père la suppliait de
nouveau de se marier, elle lui promit qu'elle épouserait celui qui lui
apporterait une rose bleue.
Beaucoup de prétendants essayèrent mais
seuls trois continuèrent leur quête.
L'un d'eux était un riche marchand. Il
alla voir un fleuriste et demanda à un fleuriste de teindre une rose Il se
précipita alors au palais pour montrer la rose bleue à la princesse et
l'épouser. Le roi se réjouit à la vue de la fleur, mais la fille ne fut pas
dupe.
Le deuxième prétendant était un explorateur
qui se rendit dans la région des cinq fleuves, célèbre pour ses
diamants. Il examina de nombreuses pierres précieuses et finit par trouver un
très gros saphir bleu. Il l'acheta et le porta à un joaillier pour le
faire tailler en forme de rose. Quand elle vit la rose, la jeune femme
s'écria : « Mais ce n'est pas une fleur ! Mon père, vous voyez
bien que ce n'est qu'un saphir taillé en forme de fleur ! J'ai de bien
plus beaux bijoux et j'attends toujours qu'on m'apporte une vraie
rose bleue. »
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Le troisième prétendant était un jeune
noble. Il convoqua le plus réputé des peintres du pays et lui demanda de lui
peindre la plus belle rose bleue qu'on pût imaginer. La princesse fit
savoir qu'elle voulait une rose vivante et non une image, aussi belle
soit-elle. Le dernier prétendant fut donc refusé comme tous les autres.
Un soir d'été, elle entendit un poète
chanter. C'était un beau jeune homme à la voix douce et harmonieuse. Elle
descendit à sa rencontre. Elle s’éprit de lui, mais quand il lui dit qu'il
souhaitait l'épouser, elle lui répondit : « Hélas, j'ai juré que je
n'épouserais que celui qui serait capable de me rapporter une rose bleue ».
« Ce n'est pas difficile, répliqua
le jeune homme, il y a partout des roses bleues. »
Le lendemain, il arriva au palais avec
une rose de couleur crème. Il la présenta à l'empereur, qui se moqua de
lui. À sa grande surprise, il entendit sa fille dire : « Mais oui,
mon père, elle est bleue, c'est la plus belle rose que j'ai jamais vue et elle
est bien bleue. » Tout le monde à la cour voyait une rose crème, mais
la princesse disait : « Je vous assure qu'elle est bleue. C'est vous
qui ne voyez pas ! Elle est d'un bleu merveilleux, et je suis heureuse car
je vais épouser celui qui me l'a rapportée. » Et ainsi fut fait. La
princesse fut très heureuse et perdit l'habitude de rechercher en permanence la
perfection.
Source : Collectif, Contes d'Asie, ill. Thomas
Tessier, Circonflexe
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