vendredi 13 mars 2015

Conte chinois : la rose bleue


Une jeune princesse possédait toutes les qualités que l'on pût désirer. Son  père l'adorait et ne lui refusait rien. La princesse cependant avait un défaut : se considérant comme une personne parfaite, elle exigeait que tout autour d'elle le fût également. Évidemment, aucun prétendant ne trouvait grâce à ses yeux. Son père insistait pour qu'elle se mariât, mais elle refusait tous les jeunes gens qu'il lui présentait. Un jour que son père la suppliait de nouveau de se marier, elle lui promit qu'elle épouserait celui qui lui apporterait une rose bleue.
Beaucoup de prétendants essayèrent mais seuls trois continuèrent leur quête.
L'un d'eux était un riche marchand. Il alla voir un fleuriste et demanda à un fleuriste de teindre une rose Il se précipita alors au palais pour montrer la rose bleue à la princesse et l'épouser. Le roi se réjouit à la vue de la fleur, mais la fille ne fut pas dupe.  
Le deuxième prétendant était un explorateur qui se rendit dans la région des cinq fleuves, célèbre pour ses diamants. Il examina de nombreuses pierres précieuses et finit par trouver un très gros saphir bleu. Il l'acheta et le porta à un joaillier pour le faire tailler en forme de rose. Quand elle vit la rose, la jeune femme s'écria : « Mais ce n'est pas une fleur ! Mon père, vous voyez bien que ce n'est qu'un saphir taillé en forme de fleur ! J'ai de bien plus beaux bijoux et j'attends toujours qu'on m'apporte une vraie rose bleue. »
Le troisième prétendant était un jeune noble. Il convoqua le plus réputé des peintres du pays et lui demanda de lui peindre la plus belle rose bleue qu'on pût imaginer. La princesse fit savoir qu'elle voulait une rose vivante et non une image, aussi belle soit-elle. Le dernier prétendant fut donc refusé comme tous les autres.
Un soir d'été, elle entendit un poète chanter. C'était un beau jeune homme à la voix douce et harmonieuse. Elle descendit à sa rencontre. Elle s’éprit de lui, mais quand il lui dit qu'il souhaitait l'épouser, elle lui répondit : « Hélas, j'ai juré que je n'épouserais que celui qui serait capable de me rapporter une rose bleue ». « Ce n'est pas difficile,  répliqua le jeune homme, il y a partout des roses bleues. »

Le lendemain, il arriva au palais avec une rose de couleur crème. Il la présenta à l'empereur, qui se moqua de lui. À sa grande surprise, il entendit sa fille dire : « Mais oui, mon père, elle est bleue, c'est la plus belle rose que j'ai jamais vue et elle est bien bleue. » Tout le monde à la cour voyait une rose crème, mais la princesse disait : « Je vous assure qu'elle est bleue. C'est vous qui ne voyez pas ! Elle est d'un bleu merveilleux, et je suis heureuse car je vais épouser celui qui me l'a rapportée. » Et ainsi fut fait. La princesse fut très heureuse et perdit l'habitude de rechercher en permanence la perfection.
Source : Collectif, Contes d'Asie, ill. Thomas Tessier, Circonflexe

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