Il était une fois un
roi qui désirait étendre son empire. Ses conseillers lui affirmèrent que les
terres par-delà l’océan regorgeaient, du moins disait-on, de richesses. Notre
bon roi pris la décision de construire un navire afin de s’en aller conquérir
les pays sauvages. Armés de leur calculs complexes, les savants prédirent que
l’équipée mettrait vingt-neuf ans à atteindre l’autre rive et autant à revenir.
Fort de sa sapience légendaire, le roi ordonna l’ordre de construire vingt-neuf
navires, afin que le délai soit réduit à deux minuscules années.
Et l’on décida de ne
plus écouter les savants.
Notre bon roi fit
venir son fils aîné et lui confia la tâche de terminer la construction des
vaisseaux avant de rendre son dernier soupir.
Devenu roi, le fils
aîné s’acquitta de sa tâche. Construits, les navires s’éloignèrent et nul n’y
pensa plus.
Depuis des lunes, le
voyage se poursuivait imperturbablement, au milieu d’une mer calme s’étendant à
perte de vue. Les officiers se réunirent un soir dans la cabine du capitaine.
– Depuis que nous avons perdu de vue les côtes, nous n’avons plus de cap précis à tenir. Or il est primordial d’avoir un cap !
– Depuis que nous avons perdu de vue les côtes, nous n’avons plus de cap précis à tenir. Or il est primordial d’avoir un cap !
Il fût décidé de
prendre comme point de repère le soleil. Le bateau devrait toujours naviguer en
direction du soleil de façon à garder un cap constant.
Après plusieurs
semaines de navigation, un autre problème fût soulevé : lorsqu’on jetait
l’ancre le soit, la proue pointant vers le couchant, le lendemain le bateau
avait fait demi-tour et tournait le dos au soleil. Une solution fût trouvée
avec un succès mitigé : ne plus jeter l’ancre durant la nuit.
Le voyage dura 113 ans
et les générations se succédèrent à son bord.
Un jour, un jeune mousse posa
soudainement une question inattendue :
– À quoi sert l’ancre à l’avant du bateau ?
– Pardi, à immobiliser le bateau si besoin est.
– Pourquoi n’immobilise-t-on pas le bateau durant la nuit, lorsque le soleil n’est pas visible. Cela nous éviterait peut-être d’avancer à l’aveuglette.
– À quoi sert l’ancre à l’avant du bateau ?
– Pardi, à immobiliser le bateau si besoin est.
– Pourquoi n’immobilise-t-on pas le bateau durant la nuit, lorsque le soleil n’est pas visible. Cela nous éviterait peut-être d’avancer à l’aveuglette.
Tout l’équipage partit
d’un grand rire et lui expliqua la logique du soleil qui se couchait devant et
se levait derrière. Loin de se démonter, le mousse insista et proposa que l’on
jette l’ancre durant la journée afin d’observer le mouvement du soleil.
Les officiers cessèrent de rire.
– Nous avons toléré ton interruption égard à ton inexpérience et ton jeune âge. Mais nous considérons l’irrévérence et l’impolitesse comme une faute grave.
– Oserais-tu prétendre que trois générations d’officiers ne sont que des imbéciles par rapport à ton érudition ?
– Pour ta gouverne, sache que le journal de bord mentionne que nous n’utilisons pas l’ancre depuis 113 ans. Et que je sache, le bateau se porte toujours aussi bien.
– Afin de t’apprendre les bonnes manières, nous te condamnons à six mois dans le fond de cale. Peut-être que tu daigneras traiter les rats d’une façon plus polie que tes compagnons.
– Nous avons toléré ton interruption égard à ton inexpérience et ton jeune âge. Mais nous considérons l’irrévérence et l’impolitesse comme une faute grave.
– Oserais-tu prétendre que trois générations d’officiers ne sont que des imbéciles par rapport à ton érudition ?
– Pour ta gouverne, sache que le journal de bord mentionne que nous n’utilisons pas l’ancre depuis 113 ans. Et que je sache, le bateau se porte toujours aussi bien.
– Afin de t’apprendre les bonnes manières, nous te condamnons à six mois dans le fond de cale. Peut-être que tu daigneras traiter les rats d’une façon plus polie que tes compagnons.
Le jeune mousse fût
donc enfermé dans une cale munie d’un petit hublot et de plusieurs lourdes
caisses. Notre matelot en fit l’inventaire et découvrit plusieurs livres ainsi
qu’un engin particulier fait de courbe de cuivre dorée, d’une optique et d’un
compas. Plusieurs livres semblaient y faire référence.
Lorsque les six mois
furent écoulés, le moussaillon courut exposer sa trouvaille au carré des
officier. Tout enthousiasmé, il expliqua : « Nous sommes sauvés ! Cet
engin va nous permettre de voyager jusqu’à notre destination. Je vous explique… »
Il n’eut pas le temps
d’achever. Les officiers se saisirent de lui et convoquèrent tout l’équipage
sur le pont : « Il est important, dans un navire tel que le nôtre, de
faire régner l’ordre et la discipline. Aucun manquement aux règles ne peut être
toléré. C’est à ce prix que nous avons pu maintenir ce bâtiment à flot durant
113 longues années. Afin que cela serve de leçon, nous nous voyons dans
l’obligation de nous débarrasser de ce fauteur de trouble. Les lois sont faites
pour être respectées. Nous ne remplissons que notre rôle d’officier et même si
certaines tâches sont moins agréables que d’autres, elles doivent être
remplies. »
Le mousse pleura
beaucoup, on le pendit au grand mât et il ne pleura plus. Son corps fût jeté à
la mer avec le sextant et les livres. Sur la couverture d’un des livres
figurait le portrait d’un roi qui, un jour, avait rêvé d’un empire.
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