En plein cœur de la Sibérie, au nord de la très
grande Russie, vivait une vieille babouchka qui connaissait le secret du
bonheur.
Depuis
des années, cette babouchka allait de village en village pour dévoiler son
secret à qui voulait bien l’entendre. Alors qu’elle traversait un village
encore inconnu, elle frappa à toutes les portes afin de trouver un lit pour la
nuit. Mais personne ne lui ouvrit.
–
Ces gens restent chez eux, ils ne savent pas être heureux, se dit-elle. Voilà
un endroit pour moi !
La
babouchka commença par ramasser du petit bois pour allumer un feu. Puis elle
alla remplir sa gamelle au puits et la posa dessus.
Un
petit garçon s’approcha d’elle :
–
Que faites-vous ?
–
Je fais une soupe aux cailloux, répondit-elle. D’ailleurs j’aurais besoin
de trois
grosses
pierres rondes. Sais-tu où en trouver ?
Le
petit garçon fila chercher trois belles pierres, qu’il lui tendit.
–
Ces pierres feront une excellente soupe, dit-elle en les plongeant dans
l’eau. Dommage qu’on ne puisse pas en faire beaucoup dans cette gamelle…
–
Ma mère a une grosse marmite ! dit le garçon. Je vais la chercher !
Alors
qu’il prenait la marmite, sa mère lui demanda ce qu’il faisait.
–
Il y a une babouchka sur la place du village. Elle fait une soupe aux
cailloux…
–
Une soupe aux cailloux ? songea-t-elle. J’aimerais bien voir ça !
La
mère suivit son fils sur la place du village. Puis, intrigués par la scène, les
villageois sortirent un à un de chez eux.
–
Évidemment, précisa la babouchka, la vraie soupe aux cailloux doit être
assaisonnée avec du sel et du poivre, mais je n’en ai pas…
–
Moi, j’en ai ! dit un villageois.
Et
il disparut avant de revenir avec du sel, du poivre et d’autres épices de la
région.
La
babouchka goûta la soupe :
–
La dernière fois que j’ai eu des pierres de cette forme, j’y ai ajouté
quelques carottes, c’était délicieux !
–
Des carottes ? demanda une autre femme. Je crois que j’en ai une ou deux
chez moi. Je vais voir…
Et
la femme revint avec un panier rempli de carottes… ainsi que deux beaux choux,
qu’elle se pressa de jeter dans la marmite.
–
Hum, soupira la babouchka. Quel dommage que je n’aie pas d’oignons, ce
serait si bon !
–
Oh oui ! dit un fermier. Je cours en chercher !
Et
petit à petit, chacun apporta de quoi enrichir la soupe. Quand l’un avait à
cœur de donner, le suivant donnait plus encore. Poireaux, tomates, saucisses,
lard fumé…. La soupe dégageait à présent une délicieuse odeur. Enfin, la
babouchka déclara :
–
La soupe est prête !
Tous
se réunirent alors autour d’une grande table, apportant avec eux pains et
boissons. Quel festin ! Au village, on n’avait jamais vu ça !
Après le repas, chants et danses se prolongèrent
jusque tard dans la nuit. Le village avait retrouvé le bonheur et la joie,
grâce à trois cailloux et une vieille, vieille babouchka.
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