Un
conte qui dénonce le mauvais traitement fait aux femmes
Un père juste avant de mourir dit à sa fille :
« toi, Tante cafarde, fille trop bavarde à la langue acérée, qui voudra
t’épouser ? Va donc à Hamedan voir Ramedan peut-être lui, en souvenir de
notre amitié passée, te trouvera-t-il un mari. »
La jeune fille mit sur sa tête un tchador rouge et à
ses pieds des souliers couleur rubis et aussitôt partit.
Sur la route elle rencontra un marchand qui lui
demanda :
« Où vas-tu donc Tante Cafarde ? »
« Tante Cafarde est le nom maudit que m’a donné
mon père, ne m’appelle pas ainsi ! Dis :
"Tante Ghézi avec ton
tchador yezdi et tes souliers
rubis, où vas-tu donc
ainsi ?"Et alors je répondrai à ta question ! »
Le marchand, surpris, obéit et elle
répondit :
« Je vais à Hamedan rencontrer Ramedan pour
qu’il me trouve un mari gentil ! »
« Tante Ghézi, me veux-tu pour mari ?» demanda
le marchand.
« Cela se pourrait si tu me disais avec quoi tu
me battrais si un jour contre moi tu te fâchais. »
« Avec mon poignard d’argent » répondit le
marchand
« Et tu m’ôterais la vie ! Non
merci ! »
Et elle partit.
La même scène se reproduisit avec un berger qui lui
dit qu’il la battrait avec un bâton. Elle rencontra un cavalier qui lui parla
de sa cravache. Puis ce fut le tour d’un paysan qui la menaça d’une pierre.
Finalement elle vit, au bord d’une rivière, une souris qui lui dit que jamais
il ne la battra, mais plutôt la chatouillerai avec sa queue.
« Alors, s’il en est ainsi,
marions-nous ! »
La jeune fille vécut très heureuse avec monsieur
souris.
Mais un jour qu’elle était allée laver du linge à la
rivière la plus belle chemise de monsieur souris fut emportée par le courant.
Monsieur souris arriva juste à ce moment-là et elle
vit à sa mine déconfite qu’il était très contrarié mais au lieu de se mettre en
colère il lui dit : « Je suis désolé parce que cette chemise c’est ma
mère qui me l’avait cousue. Mais quoique j’ai pu faire elle ne m’a jamais
grondé et encore moins frappé. Elle disait toujours que peur et douleur sont
les alliées du malheur alors que confiance et indulgence sont celles de
l’espérance. » Et en même temps qu’il parlait, il la chatouillait du bout
de sa queue pour la faire rire et lui changer les idées.
Ils se sont bien amusés mais le pied de la jeune
fille a glissé sur une pierre savonneuse, elle est tombée dans la rivière et le
courant violent l’a emportée.
Alors monsieur souris, affolé, s’est mis à
hurler : « Où es-tu partie ? »
Un corbeau l’entendit : « Croa croa qu’est-ce qui te fait crier ainsi ? »
« Ma femme dans la rivière est tombée et le
courant l’a emportée ! »
"Quel malheur s’écria le corbeau, j’en suis
tellement retourné que je vais me taper la tête contre ce rocher ! »
Une vache qui passait par là demanda au corbeau :« Pourquoi
te cognes-tu la tête ainsi corbeau ? »
« Tante Ghézi, la femme de monsieur souris, est
tombée dans la rivière et le courant l’a emportée, alors je me tape la tête
contre ce rocher et monsieur souris court le long de la rivière en criant
« Tante Ghézi ! Ma douce amie, avec ton tchador yezdi et tes souliers rubis où es-tu partie ? ».
« Que
c’est triste dit la vache, puisque c’est ainsi je ne donnerai plus de
lait ! »
Quand le vacher voulu traire la vache celle-ci ne
donna pas son lait.
« Qu’as-tu la vache à garder ton
lait ? »
« Tante Ghézi, la femme de monsieur souris, est
tombée dans la rivière et le courant l’a emportée, alors je ne donne plus mon
lait, le corbeau se tape la tête contre un rocher et monsieur souris court le
long de la rivière en criant « Tante Ghézi ! Ma douce amie, avec ton
tchador yezdi et tes souliers rubis où es-tu partie ? ».
« Quel malheur dit le vacher, je vais casser
mon bâton ! »
Arriva le berger qui s’étonna :
« Pourquoi casses-tu ton bâton
vacher ? »
« Tante Ghézi, la femme de monsieur souris, est
tombée dans la rivière et le courant l’a emportée, alors je casse mon bâton, ma
vache ne me donne plus son lait, le corbeau se tape la tête contre un rocher et
monsieur souris court le long de la rivière en criant « Tante Ghézi !
Ma douce amie, avec ton tchador yezdi et tes souliers rubis où es-tu partie ? ».
« Quelle
horreur dit le berger, puisque c’est ainsi je vais déchirer mon gilet. ».
Comme il déchirait son gilet les moutons
s’inquiétèrent :
« Pourquoi détruis-tu ton gilet berger ? ».
« Tante Ghézi, la femme de monsieur souris, est
tombée dans la rivière et le courant l’a emportée, alors je déchire mon gilet,
le vacher casse son bâton, sa vache ne lui donne plus son lait, le corbeau se
tape la tête contre un rocher et monsieur souris court le long de la rivière en
criant « Tante Ghézi ! Ma douce amie, avec ton tchador yezdi et
tes souliers rubis où es-tu
partie ? ».
« Quelle
tragédie dirent les moutons, puisque c’est ainsi nous allons perdre notre
laine »
Comme les moutons faisaient tomber leur laine, un
arbre leur demanda :
« Pourquoi laissez-vous votre laine tomber
ainsi moutons ?
« Tante Ghézi, la femme de monsieur souris, est
tombée dans la rivière et le courant l’a emportée, alors nous perdons notre
laine, le berger déchire son gilet, le vacher casse son bâton, sa vache ne lui
donne plus son lait, le corbeau se tape la tête contre un rocher et monsieur
souris court le long de la rivière en criant « Tante Ghézi ! Ma douce
amie, avec ton tchador yezdi et tes souliers rubis où es-tu partie ? ».
Quelle douleur dit l’arbre, puisque c’est ainsi je
vais faire tomber mes feuilles »
Et les feuilles de l’arbre tombèrent comme autant de
larmes dans la rivière qui s’inquiéta :
« Arbre pourquoi toutes tes feuilles tombent-elles
sur moi ? »
« Tante Ghézi, la femme de monsieur souris, est
tombée dans la rivière et le courant l’a emportée, alors je fais tomber mes
feuilles, les moutons perdent leur laine, le berger déchire son gilet, le
vacher casse son bâton, sa vache ne lui donne plus son lait, le corbeau se tape
la tête contre un rocher et monsieur souris court le long de la rivière en
criant « Tante Ghézi ! Ma douce amie, avec ton tchador yezdi et
tes souliers rubis où es-tu
partie ? ».
« Quelle
catastrophe dit la rivière, puisque c’est ainsi je vais arrêter de
couler ! »
Et c’est ce qu’elle fit.
A l’instant même, Tante Ghézi qui s’était accrochée
à une pierre au milieu de la rivière courut vers la rive pour rejoindre
monsieur souris qui arrêta de hurler, le corbeau cessa de se cogner la tête
contre un rocher, la vache redonna du lait, le vacher se tailla un nouveau
bâton, le berger se confectionna un autre gilet, la laine revint sur les
moutons, les feuilles retournèrent sur l’arbre et la rivière se remit à couler.
Et toute leur vie monsieur souris et tante Ghézi
vécurent heureux ensemble !
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