dimanche 18 janvier 2009

Il n'y a plus d'heures


La RATP vient d'inventer une nouvelle approche : le tirage au sort du départ de trains. Comme vous pouvez le constater sur la photo ci-dessus, le train de 13h42 partira après celui de 17h34. Initiative intéressante. Il y aura toujours des esprits chagrins pour regretter le bon vieux temps où les heures se suivaient "normalement". Cette normalité est-elle toujours de mise aujourd'hui ?

Il n'y a plus d'heures dans la vie privée : il y eut pendant longtemps les heures du petit déjeuner, du déjeuner et du dîner. Aujourd'hui, les français mangent à toute heure et grignotent en continu. Il y eut l'heure des informations à la radio et à la télévision. Le succès des stations de radio et des chaines de télévision diffusant de l'information en continu révèle ce besoin d'instantanéité et de temps éclaté. Alors, pourquoi dans une telle société, les heures des trains devraient se suivre ?

Il n'y a plus d'heures dans les entreprises, un autre lieu de la vie sociale : ainsi, les réunions commencent-elles et finissent-elles à l'heure ? Heureusement (pour les retardataires) ou malheureusement (pour ceux qui sont à l'heure) la réunion de 14h-16h commence au mieux à 14h20 et se termine à 16h40 (au départ précipité du plus haut en grade). Il en est de même pour l'administratif : sous prétexte de modification de logiciels, le bon de commande qui officialise la formation de début novembre sera envoyé fin décembre ou en janvier. Bien entendu, le fournisseur doit s'assurer qu'il fera la formation tout en spécifiant au prestataire qu'il doit impérativement avoir le bon de commande pour débuter. Courteline n'est pas mort. Remarquez, cela a l'avantage de retarder le paiement au fournisseur, tout en respectant le délai légal de paiement au fournisseur 60 jours à réception de la facture.

Il n'y a plus d'heures dans les rencontres sociales. Depuis quelques siècles, avec nos montres, nous avons couru successivement après l'heure, les minutes, les secondes… Finalement, excédé avec ce temps précis et dictatorial, nous revenons doucement au temps approximatif du cadran solaire. Les Bretons avec leur cadran solaire au fronton de leur Parlement (cf. notre reportage http://dalettres.blogspot.com/2008/05/un-cadran-optimiste.html) nous montrent le chemin. Avec un cadran solaire, l'heure devient plus approximative, surtout lorsque le temps est nuageux…

Est-ce un mal s'il n'y a plus d'heures ? Vivre à l'heure (ou à la seconde) près, courir après le temps, essayer de faire plus dans le même temps, cela conduit à quoi ? A vivre de plus en plus mal dans le temps subi. Et le temps voulu ? Les italiens ont réintroduit le slow food, une série de restaurants volontaires où les clients volontaires prennent le temps de manger lentement et de mieux apprécier (voire de mieux digérer) leur repas.

Pouvons-nous avoir une partie de notre temps qui soit de temps voulu ? En fait, une petite partie de temps voulu nous change notre rapport au temps. 40% de notre temps est ingérable (urgences, imprévus, opportunités, contraintes…). 50% de notre temps est plus ou moins gérable (rendez-vous programmé, loisirs organisés, périodes de travail ou de repos…. Tout cela est du temps contraint ou réactif. Il vous reste toutefois 10% de temps (en moyenne) à votre disposition pour en faire ce que vous voulez. Souvent, il est utilisé pour rattraper le temps perdu ou gérer des urgences.

C'est peut-être parfois nécessaire, mais est-ce l'optimal ? Nous y reviendrons dans une autre prochaine chronique. En attendant, bonne chance à la loterie des RER !

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