jeudi 22 janvier 2009

La crise des autres


Il y a un an, presque jour pour jour, j'avais observé les premiers signes de la crise : j'avais perdu 50% de ma valeur (http://dalettres.blogspot.com/2008/01/je-suis-sold.html). Cette année, je me rends compte à quel point la crise est bien là : j'ai perdu jusqu'à 70% de ma valeur (la photo en fait preuve). C'est grave, c'est dramatique, mais comment rebondir ? Si je me laisse aller, je vais rebondir à ma manière. Mais est-ce la bonne ? Finalement en 2008, j'ai rebondi…et un an plus tard, j'avais encore perdu plus de valeur. L'expérience faisant grandir (je cite le dicton), j'observe les autres et j'imagine comment ils vivent la crise.

Je prends un TGV. Mon voisin d'en face est déjà installé. C'est un grand "enrobé". Comme j'observe que nous allons avoir peu de place face-à-face pour nos grandes jambes, il m'houspille en me demandant de "virer" mon sac à dos d'où j'extrayais les papiers dont j'avais besoin. Son impatience se traduit à nouveau lorsque son voisin arrive. Il le somme de bien réfléchir s'il a pris ou rangé ce qu'il lui faut avant qu'il se lève pour le laisser passer. Voyant que ses flèches ne fonctionnaient guère, il dérange son voisin et collègue de l'autre côté de l'allée du wagon pour refaire le monde dans leur équipe. Ce dernier, plus préoccupé d'écouter une chanson ou une vidéo sur son ordinateur hésite à enlever totalement son casque audio. Pendant tout le voyage, il cherchera ainsi des exutoires : sur son téléphone portable, dans ses documents, avec le contrôleur. Ses actions ayant fait long feu, il s'en vengera en arrivant à destination et en faisant tomber lourdement plusieurs fois sa sacoche sur la tablette centrale. "J'existe" semble-t-il nous dire. Vaine tentative. La crise, pour lui, c'est la faute des autres. Je l'imagine à -80%.

Je fais un coaching. La personne m'explique qu'elle aime son travail, y consacre beaucoup de temps, obtient de bons résultats… et se fait prendre les avancements et les hausses de salaire par des collègues. Moralité : le travail ne paye pas. Elle travaille alors deux fois plus et évacue sa colère en faisant de la peinture sur soi chez elle. Si cette dernière activité lui fait du bien, elle constate malheureusement que sa colère ne fait que grandir et elle a peur d'exploser (ou d'imploser ?) Bref, la crise est en elle. Disons qu'il a 90% de sa valeur.

J'anime un groupe. Une des personnes aide beaucoup les autres au cours des diverses situations. Son aide est parfois poignante, car tous ne veulent pas nécessairement de son appui. Elle, de son côté, a du mal à accepter les refus. La crise, pour elle, c'est à cause des autres. Allez, elle a perdu un petit 60% de sa valeur.

Je suis au restaurant. Mon voisin de la table d'a côté a besoin de partager ses joies et ses tristesses. Pour lui confortablement installé avec son téléphone, c'est une occupation. Pour les clients à proximité, c'est un enfer, puisque cela pollue leur cercle d'intimité. Quelques remarques désobligeantes de plus en fermes l'obligent à choisir entre rester en silence ou bouger. La crise, c'est d'être invité à être en dehors des autres. C'est grave pour lui. C'est au moins une seconde démarque.

Et moi dans tout cela ? C'est peut-être une forme de remise en cause vis-à-vis des autres. Si j'en crois l'expérience de l'hiver dernier, cela durera cinq semaines (le temps officiel des soldes) avant l'arrivée de la prochaine vague (de soldes) à l'été prochain. Courage. J'en suis bientôt à la deuxième démarque. Finalement à -70% je tire mon épingle du jeu. La fin des soldes se rapproche.

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