samedi 21 février 2009

Vivons nous une crise de l'adolescence ?

("Interview capté sur les ondes de la radio P.Ro")
-Monsieur Petitpoucet, bonsoir, merci d'être venu parler à notre auditoire sur la notion de la résilience, autrement dit la capacité à rebondir lors d'une crise. .
- C'est un plaisir pour moi et pour mon agence de services d'information, l'AF.P. ou Agence du Finaud Petitpoucet. Notre devise : "Avancez avec Finesse et Prudence", d'où le sigle AFP.
- Votre histoire est célèbre dans le monde entier. pourtant, vous êtes entouré de féroces concurrents, comme Grimm ou Andersen. Alors, quelle est votre recette ? Comment vous adaptez-vous ? En agissant très vite ?
- C'est le contraire en fait. La première règle est la capacité à prendre du recul. Aujourd'hui, tout le monde veut aller vite, trop vite. Les gens pensent qu'en allant vite, sans réfléchir, ils feront mieux. FAUX ! Ils refont toujours ce qu'ils ont l'habitude de faire. Si vous voulez progresser, vous devez savoir vous arrêter pour trouver de nouvelles solutions.
- Un exemple ?
- Après les petits cailloux et l'usage de la mie de pain pour marquer son chemin, l'ai développé l'usage des fameuses bottes de sept lieues. En fait, elles existaient déjà. Toutefois leur inventeur, M. Ogre, ne s'en servait que pour des buts que je qualifierais de pas très nobles. J'ai eu l'idée, bien avant les inventeurs du télégraphe, de vendre très cher des informations qui étaient longues à avoir. Bref, je vendais du gain de temps et cela vaut toujours cher. La deuxième règle est donc de chercher de nouveaux usages ou modes de consommation, bref de s'adapter.
- Prendre du recul, innover…est-ce que cela suffit ?
- En soi, oui si vous êtes seul, mais dans la pratique, cela n'est pas suffisant. Je me suis souvent retrouvé dans les pires difficultés, perdu seul ou avec mes frères, en passe d'être mangé par l'Ogre ou que sais-je encore. Ce qui m'a permis de m'en sortir, c'est aussi le fait que mes frères m'aient autorisé à prendre des initiatives. Pensez donc, j'étais le plus petit : s'il m'avait fallu respecter le protocole et obtenir l'adhésion des ainés, nous serions morts depuis longtemps. La troisième règle est donc de favoriser l'initiative de chacun en lui octroyant du temps et/ ou des moyens.
- Voici donc les trois recettes miracles pour vous : prendre du recul, innover et prendre des initiatives. Monsieur Petitpoucet…
- Permettez-moi, s'il me reste quelques instants pour m'exprimer, de préciser qu'il y a une quatrième règle importante : celle d'accepter d'employer des gens farfelus et des originaux. Trop souvent, nous nous entourons de personnes qui nous ressemblent. Cela nous sécurise, nous conforte dans nos idées, mais nous n'allons guère plus loin. Le Roi m'a ainsi fait confiance, contre l'avis de sa Cour, lorsque je lui ai proposé mes services. Cela lui a bien servi.
- N'y a-t-il pas quelques dangers à employer des farfelus ?
- Il y a farfelu et farfelu. Moi, je regarde le parcours des personnes et les expériences vécues. Cela est un bon indicateur.
- Un dernier mot pour nos auditeurs ?
- Si votre activité va à l'encontre de vos principes, vous serez vite désillusionné, amer et démotivé. N'invoquez pas la pression de l'environnement ou les contraintes économiques. Vous ne réussirez pleinement qu'en étant en accord avec vos valeurs et en fédérant autour de vous votre entourage.
- Monsieur Petitpoucet, je vous remercie pour votre intervention. La semaine prochaine, nous accueillerons…

A la fin de cette émission de radio, mon fils m'a demandé si mon patron faisait tout cela : me permettre de prendre du recul, innover, me laisser une plage d'initiative, me faire confiance… J'ai du lui avouer que non. Alors, il m'a demandé si nous allions sortir de la crise. Je lui ai dit que oui et là il n'a pas compris. Moi non plus. Puis il m'a demandé si je l'autorisais à tout cela (initiative, autonomie...). Je n'ai pas répondu. Il m'a dit alores : "c'est cela la crise de l'adolescence ?". Quel ingrat !

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