Trois printemps plus loin, quelques condisciples et moi fûmes, un matin, arrachés à notre train-train quotidien et transportés en camion dans une petite supérette. « Trop petits, disait de nous le directeur du magasin, vous êtes trop vite pleins et vous ôtez aux clients l'envie d'acheter. Il faut de plus grands chariots à remplir pour augmenter l'appétence des consommateurs. » Nous fûmes ainsi relégués dans un magasin plus petit où notre format convenait mieux : plus gros que les paniers mais suffisamment petits pour nous glisser dans les allées. Du moins, c'est ce qu'ils disaient. En fait, nous passions notre temps à nous cogner les uns aux autres, nous dormions dehors dans le froid et servions souvent de poubelle aux passants. Pas drôle, mais le pire était à venir, et cela je ne le savais pas encore.
C'est un 15 mai que ma vie bascula. Ce jour-là, un vieux monsieur m'entraîna loin du magasin pour mieux rapporter ses courses et oublia…de m'y reconduire. Peut-être avait-il envie de se reposer avant ou voulait-il m'utiliser le lendemain, toujours est-il qu'après avoir passé quelques heures tout seul au pied d'un immeuble, je fus poussé brutalement dans un terrain vague avoisinant par le concierge de l'immeuble qui trouvait que je déparais son immeuble. Les gamins du quartier s'empressèrent de me transformer, selon les circonstances, en poubelle, en char d'assaut. Mon propriétaire était un peu fantasque. Il prenait soin de moi (ou de ses affaires ?), me graissait régulièrement et resserrait tout ce qui était nécessaire. Mais il m'oubliait parfois pendant des heures sur un trottoir (par exemple boulevard Saint-Germain), me laissant avec ses affaires. Je n’en étais que plus heureux de le revoir.
Je croisais d'autres cousins avec des lointains cousins à moi. Ils me racontaient leur dure vie, les vols dont ils avaient été l'objet, les tentatives de destruction. Ils regrettaient tous la vie au supermarché. « Dure, mais belle ! » disaient-ils. A présent, c'était l'incertitude, l'ennui, l'angoisse ; certains commençaient à sentir les affres de la vieillesse (les roues qui grincent ou qui tournent mal, la poignée cassée…) Qu'allaient-ils devenir ? Finir seuls dans un terrain vague ? Oubliés de tous, jusqu'au jour où un dernier camion les emporterait chez le ferrailleur qui les décomposerait ? En les écoutant, j'enviais mon existence.
Durant notre brève vie, finalement, nous vivons plusieurs vies, celles de nos utilisateurs : les aisés, les pauvres, les démunis. Imaginez, mesdames et messieurs, quand vous nous poussez, toute l'expérience que nous transportons. Cela devrait vous inciter à nous respecter un peu plus la prochaine fois que vous nous utiliserez.
1 commentaire:
L'idée de l'histoire du Caddy est amusante mais, pitié, relisez ou faites relire vos textes avant de les mettre en ligne !
Ce texte est bourré de fautes de grammaire, de vocabulaire, de concordance des temps, et j'en passe. Cela en rend la lecture extrêmement difficile, et même insupportable pour moi qui suis correctrice
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