vendredi 17 avril 2009

Bonjour, je vous présente ma cousine


Bonjour, je vous présente ma cousine. Elle vient juste d'arriver. Elle est encore un peu effarouchée par les manières d'ici. Elle va s'y faire. C'est une question de temps. Moi aussi au départ, j'étais un peu nerveuse. Il faut dire que je suis arrivée seule. Quand vous ne connaissez pas le quartier, vous n'êtes pas très confiante. En plus, le premier choc a été rude. C'est le cas de le dire : j'ai été mal fixée au mur et…j'en suis tombée.

Cela n'a pas duré : quelques heures plus tard, j'étais refixée. Je me suis rapidement mise au travail : il y en avait qui attendait que je sois fixée pour m'inaugurer. Les gens m'ont vite intégrée : "tiens une boite à lettres, ici ! C'est pratique !" Ce n'est pas un métier de tout repos. A toute heure du jour et de la nuit, on me remplit. Parfois, aussi, certains me prennent pour une poubelle et me laissent canettes et mégots dessus. Je ne parle pas non plus des chenapans qui mettent n'importe quoi dans mes orifices. Il n'y a plus d'éducation !

La journée passe vite : deux levées par jour : 11 heures et 16 heures et hop ! Me voilà soulagée. C'est amusant comme les gens vivent à mon rythme. A partir de 10h30 et de 15h30, c'est la course pour me remplir. Moi, je prends tout, enfin presque : il faut respecter mon ouverture. Il y en a qui essaye de mettre des paquets. Ils me tordent, donnent des coups de poings et partent en maugréant.

La rançon du succès, c'est que parfois, je suis pleine à rebords. Les mardis et les jeudis. Pourquoi ces deux jours plus précisément ? Parce qu'il y a plus de monde dans la rue. C'est curieux on dirait que les gens se promènent seulement ces deux jours-là. En tout cas, le fait de refuser du monde (et leurs lettres), cela a fait jaser : des gens sont venus me voir, ont pris des mesures et sont repartis en hochant la tête. J'ai eu très peur d'être reléguée dans une autre rue, de perdre mes repères et d'être remplacée par ces gros troncs qui se fixent le sol. Heureusement quelques temps plus tard, un homme est venu avec un gros colis et a installé ma cousine.

Nous avons fait connaissance et nous nous sommes trouvées des liens de parenté. C'est pour cela que je l'appelle ma cousine. Maintenant, nous nous amusons bien ensemble : qui aura le plus de courrier, qui verra de beaux timbres… bref, le temps passe plus vite.

Le comportement des clients nous amuse aussi. Cela vous amuse que je parle de clients ? Pourtant, avant de partir dans le grand monde, mes sœurs et moi avons été rassemblées dans un hangar et là, un monsieur sûrement important a fait un discours sur notre rôle et le service que nous apportons : nous contribuons à la qualité du service de la poste. Même ma cousine a entendu un tel discours. Mais elle, elle croit que le monsieur s'adressait à des facteurs qui étaient dans le hangar. Moi je ne le crois pas. De toutes façons, comme nous étions au chaud dans nos cartons, nous ne voyions rien ni l'une ni l'autre. Peut-être suis-je trop optimiste et elle, cynique.

En tout cas, imaginez la vie sans nous : vous iriez plus loin, vous perdrez du temps, peut-être aussi que les boites à la Poste seraient pleines… Alors, la prochaine fois, que vous viendrez me voir, dites-moi "bonjour" (ou "bonsoir") : cela fait toujours plaisir et si vous avez deux lettres à poster, répartissez-les entre nous. A bientôt !

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