vendredi 29 juillet 2016

La legende de Latone



Dans le parc du Château de Versailles, il y a un bassin étrange avec des silhouettes moitié humaines, moitié animale. Laissez-moi vous raconter l’histoire de Latone. 
Latone, assimilée à Léto dans la mythologie grecque, est la fille du titan Koios et de la titanide Phœbé. Devenue la maîtresse de Jupiter, elle conçoit avec lui deux enfants, Diane et Apollon.
Lorsqu’elle apprend cette grossesse, Junon, la femme de Jupiter, entre dans une colère noire. Elle décrète l’exil de l’univers pour sa rivale, interdisant à aucune terre d’accueillir son accouchement. Condamnée à une fuite perpétuelle, Latone entame un périple sans fin à travers la Terre, parvenant à trouver un refuge provisoire sur l’île de Délos où elle donne naissance à Apollon et à Diane.
A peine ses deux jumeaux ont-ils vu le jour que Latone doit reprendre sa fuite pour échapper au courroux de Junon. Son périple la conduit jusqu’aux confins de la Lycie (sur de la Turquie).
Assoiffée, elle décide de s’y arrêter et aperçoit au fond d’une vallée un étang au bord duquel des paysans sont occupés à ramasser des joncs et des algues. Alors qu’elle se penche vers l’eau, les paysans s’opposent à elles, lui interdisant de boire.
Insensibles à ces supplications, les paysans persistent dans leur refus. Ils intiment à Latone l’ordre de quitter les lieux et, pour s’assurer qu’elle ne puisse boire, se jettent dans l’étang. Ils en piétinent le fond de leurs pieds, en agitent l’eau de leurs bras, soulevant jusqu’à la surface une épaisse couche de vase.
C’est cet épisode de la rencontre entre Latone et les paysans de Lycie qui est représenté sur le bassin de Latone, au cœur du jardin de Versailles.
Au sommet, le groupe sculpté a été réalisé en marbre blanc. Les deux enfants, Apollon et Diane, tendent leurs bras suppliants vers les paysans. Latone a déjà les yeux levés vers le ciel et sa bouche entrouverte suggère la malédiction proférée à l’encontre des paysans.
Mi hommes, mi-grenouilles, six paysans sont en cours de métamorphose. Certains ont encore, presque intacte, leur apparence humaine. D’autres ont presque achevé leur transformation : leurs bouches sont larges et rondes, leurs mains se sont transformées en palmes… Les jets d’eau qu’ils crachent évoquent les injures adressées à Latone et qui ont abouti à leur métamorphose.  


Source : Ovide, Livre VI des Métamorphoses

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