Dans le parc du Château de
Versailles, il y a un bassin étrange avec des silhouettes moitié humaines,
moitié animale. Laissez-moi vous raconter l’histoire de Latone.
Latone, assimilée à Léto
dans la mythologie grecque, est la fille du titan Koios et de la titanide
Phœbé. Devenue la maîtresse de Jupiter, elle conçoit avec lui deux enfants,
Diane et Apollon.
Lorsqu’elle apprend cette
grossesse, Junon, la femme de Jupiter, entre dans une colère noire. Elle
décrète l’exil de l’univers pour sa rivale, interdisant à aucune terre
d’accueillir son accouchement. Condamnée à une fuite perpétuelle, Latone entame
un périple sans fin à travers la Terre, parvenant à trouver un refuge
provisoire sur l’île de Délos où elle donne naissance à Apollon et à Diane.
A peine ses deux jumeaux
ont-ils vu le jour que Latone doit reprendre sa fuite pour échapper au courroux
de Junon. Son périple la conduit jusqu’aux confins de la Lycie (sur de la
Turquie).
Assoiffée, elle décide de
s’y arrêter et aperçoit au fond d’une vallée un étang au bord duquel des
paysans sont occupés à ramasser des joncs et des algues. Alors qu’elle se
penche vers l’eau, les paysans s’opposent à elles, lui interdisant de boire.
Insensibles à ces
supplications, les paysans persistent dans leur refus. Ils intiment à Latone
l’ordre de quitter les lieux et, pour s’assurer qu’elle ne puisse boire, se
jettent dans l’étang. Ils en piétinent le fond de leurs pieds, en agitent l’eau
de leurs bras, soulevant jusqu’à la surface une épaisse couche de vase.
C’est cet épisode de la
rencontre entre Latone et les paysans de Lycie qui est représenté sur le bassin
de Latone, au cœur du jardin de Versailles.
Au sommet, le groupe sculpté
a été réalisé en marbre blanc. Les deux enfants, Apollon et Diane, tendent
leurs bras suppliants vers les paysans. Latone a déjà les yeux levés vers le
ciel et sa bouche entrouverte suggère la malédiction proférée à l’encontre des
paysans.
Mi hommes, mi-grenouilles,
six paysans sont en cours de métamorphose. Certains ont encore, presque
intacte, leur apparence humaine. D’autres ont presque achevé leur
transformation : leurs bouches sont larges et rondes, leurs mains se sont
transformées en palmes… Les jets d’eau qu’ils crachent évoquent les injures
adressées à Latone et qui ont abouti à leur métamorphose.
Source : Ovide, Livre VI des Métamorphoses
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