Il était une
fois une vieille artisane qui s’appelait Jacqueline. Elle habitait dans une petite
case créole bien entretenue. Un jour, Jacqueline mit sa capeline pour se
protéger du soleil parce qu’il faisait très très chaud. Elle alla dans la forêt
où il y avait plein de goyaviers, de tamariniers et de fougères. Jacqueline
était venue dans la forêt pour chercher quelque chose de très précis :
c’était le choca ! Elle chercha, chercha, et trouva enfin les feuilles de
choca, mais elle avait besoin de sa râpe pour éplucher le choca, c’est-à-dire
pour retirer le vert de la feuille et obtenir le fil. Cet outil était dans sa
cabane en bois tout au fond du jardin. Pour trouver sa râpe, elle tâtonna
partout dans sa cabane. C’est alors qu’elle sentit une surface lisse. Elle
sortit de la cabane et vit que c’était un livre en cuir noir.
Sur la
couverture, le titre était écrit à l’encre rouge : Grimoire de
Grand-Mère Kalle. Elle l’ouvrit et le feuilleta. Elle trouva la recette
d’une potion magique : « Comment rendre ses petits enfants
heureux ? » Elle était très contente parce qu’elle aimait beaucoup
les siens. Dans les ingrédients, il fallait un demi-litre d’eau par enfant,
c’est à dire quatre litres pour ses huit petits-enfants, et du curcuma.
Elle se
dirigea vers la cuisine extérieure. Tout était noir à cause de la fumée. Elle
chercha un pot de quatre litres, mais il n’y en avait pas. Elle trouva
seulement un pot de trois litres et un pot de cinq litres qui étaient par
terre. Elle aurait pu aller au marché, mais c’était trop loin. Elle se
dit : « Il va falloir faire avec ce que j’ai pour trouver quatre
litres ». Elle alla ensuite puiser de l’eau au puits.
Jacqueline mit les mains sur les hanches et
regarda les deux pots. Quand elle était petite, elle allait à l’école et elle
adorait les mathématiques. Elle se dit : « Je vais faire une
opération, avec des 3 et des 5 :
3 + 3 + 3 – 5 = 4 ». Alors, elle
commença à prendre le pot de trois litres et versa l’eau dans le pot de cinq
litres. Au bout de la deuxième fois, ça se mit à déborder, ce qui commença à la
contrarier. Elle regarda par la fenêtre et vit entrer un cardinal. Le petit
oiseau but un peu d’eau dans le pot de cinq litres. Jacqueline aurait préféré
que le cardinal boive un litre entier ! Elle décida de faire des
expériences.
Elle remplit
le pot de cinq litres. Elle le vida dans le pot de trois litres jusqu’à ce
qu’il soit plein. Il restait donc deux litres dans le pot de cinq. Elle jeta
l’eau du pot de trois litres et y versa les deux litres. Elle remplit à nouveau
le pot de cinq litres.
Tout à coup,
quelqu’un frappa à la porte.
« Bonjour
Madame Jacqueline.
– Bonjour
Monsieur le facteur. Vous venez m’apporter le courrier, merci. Voulez-vous un
peu d’eau ?
– Oui,
bien sûr, pour mon âne. »
Le facteur vit
les deux pots. Il prit celui de cinq litres pour remplir celui de trois litres,
car c’était moins lourd. Jacqueline, qui avait vu le facteur faire l’opération,
comprit que comme il y avait deux litres d’eau dans le pot de trois litres et
que, quand le facteur avait versé l’eau du pot de cinq litres dans l’autre, il
avait versé un litre d’eau pour le remplir, par conséquent, il restait quatre
litres d’eau dans le pot de cinq litres. « Lé bel !!! », s’écria
Jacqueline, toute contente d’avoir trouvé une solution à son problème.
Jacqueline versa les quatre litres d’eau dans
la marmite qui bouillait sur le feu. Elle mit les fils de choca. Elle prit un
pilon et du curcuma qu’elle écrasa avec un calou. Ensuite, elle l’ajouta à la
préparation pour teinter la corde de choca. Elle fit des tresses et les cousit
pour fabriquer des savates.
Le soir suivant,
ses petits-enfants arrivèrent. Ils enfilèrent les savates magiques qui leur
donnèrent envie de bouger et de danser. Ils devinrent heureux, gentils,
mignons, souriants. Ils riaient, couraient, jouaient.
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