jeudi 9 mars 2017

La rivière


Une rivière serpentait dans la nature. Elle était joyeuse, enjouée, se régalait de tous ces paysages qu’elle traversait.  Et quelle joie de rencontrer autant de gens au fil de sa course ! Elle ne s’arrêtait pas vraiment, profitait simplement de la vie et de tous ses cadeaux, oubliant sa fatigue pour aller de l’avant et mener sa vie de rivière, à la fois curieuse et toujours pressée.   

Et puis un jour, au fil de son parcours, cette rivière se retrouve dans un champ plus difficile à traverser, sablonneux et rocailleux.

Elle ne laisse pas de place à la panique et décide d’aller de l’avant, de forcer son passage.

Mais plus elle avançait, et plus elle s’épuisait jusqu’à se demander ce qui allait bien pouvoir arriver si elle ne pouvait pas dépasser ce champ pour rejoindre un terrain qui lui serait plus profitable.

Elle commençait à douter, se confronta à ses limites et connut la crainte : si elle s’arrêtait, pour la première fois de sa vie, elle risquait de perdre ce qui faisait d’elle une rivière : le fil de l’eau, le mouvement, un lieu où la vie peut s’épanouir…

Allait-elle se transformer en une vulgaire mare, comme elle en connaissait d’autres, quelque chose qui pour elle était crasseux et inerte ?     

La peur l’envahit, elle jeta ses dernières forces dans la bataille, affolée, sentant qu’elle pouvait ici tout perdre.    

Et puis, on ne sait ce qui se passa, mais elle entendit comme une petite voix.

Une voix qui semblait avoir toujours été là mais qu’elle n’avait pas pris le temps d’écouter, de ressentir ou d’entendre.    
   
D’où pouvait-elle bien provenir ? De quelqu’un ? Du ciel ? De sa conscience ou d’ailleurs ?  Elle ne le savait pas, mais tendit l’oreille vers cette voix qui lui disait tout bas : « Rivière, tu n’as pas toujours été rivière, mais avant gouttes de pluie…venues des nuages…Peut-être peux-tu demander au vent de t’aider à nouveau ? »

L’avait-elle oubliée ? La rivière ne savait que faire, pouvait-elle prendre le risque de stopper ses efforts et de s’en remettre au vent ? Ne risquait-elle pas de ne plus jamais être la rivière qu’elle avait toujours aimé être ?

 Épuisée, elle s’y résolut enfin, bien qu’assaillie par la peur.

Le vent s’exécuta et la rivière se transforma en fines gouttes.

Quel voyage ! Et le vent la déposa plus loin, sur une terre qu’elle ne connaissait pas, où cependant elle put reprendre sa route, neuve et remplie de joie de n’être plus tout à fait exactement la même et en même temps tout en se retrouvant totalement…  


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