samedi 5 avril 2008

J'ai toujours rêvé d'être une capitaine au long cours


Toute petite déjà, j'adorais me promener au bord de la mer en rêvant de grands voyages au-delà de l'horizon. Bien sûr, mes frères et mes sœurs ne pouvaient comprendre cela. Mes parents encore moins. Pour ma mère, l'important était que je sache tenir une maison et fasse la cuisine. Avec cela, je pourrai épouser quelqu'un de bien, c'est-à-dire avec une bonne situation, qui ira travailler et me permettra d'attendre tranquillement à la maison. En tout cas, pas un de ces voyageurs au long cours (sur mer ou sur les routes) jamais là et au sort incertain.

Moi, pendant ce temps là, tout en faisant le couscous et les boulettes, je m'évadais mentalement. Je regardais la télévision et je lisais tout ce qui me tombait sous la main. Je me mettais dans la peau des personnages. Bien sûr, les capitaines sont le plus souvent des hommes. Je changeais alors l'histoire. Je dirigeais les opérations, même si je gardais mon homme avec moi sur le bateau. En fait, j'étais avant l'heure une révolutionnaire féminine.
Cela a laissé des traces aujourd'hui : j'anime des sessions à l'assertivité au féminin; Je devrais les proposer à l'Ecole de la Marine Marchande.

Revenons à mes rêves. Avez-vous vu la mer de Sousse (Tunisie) ? Une mer bleue, un sable blanc et fin et de nombreux bateaux de pêches. Un horizon dégagé (pas d'iles en vue) et peu de gros bateaux (à l'époque). Alors, dans ce décor, je vivais mentalement en mer en me nourrissant de poissons.

Après la vie m'a rattrapé. J'ai quitté mon bord de mer pour le ciel gris de Paris, les vents chauds pour les gaz carboniques. Je me suis mariée (pas à un marin) et, à mon grand regret, aucun de mes enfants n'a de penchant pour la mer ! Je les ai bien encouragés à faire des stages de voile. Non, ce sont des urbains ou des montagnards. Des regrets, mais pas de remords. Sans avoir été une capitaine d'industrie, j'ai monté et dirigé des associations et des affaires; j'ai développé mes talent comme capitaine d'eau douce (il y a bien des marins d'eau douce). Bref, j'entretiens mes talents et les extériorise au maximum.

/Remarquez, ce n'est pas plus mal. Aujourd'hui, à part les vaisseaux de guerre, les bateaux les plus courants sont les supertankers et les porte-containers. De grands bateaux tristes, avec peu d'équipage, et fortement automatisés. Rien de bien passionnant. Mon rêve, c'était plutôt les galions avec leurs grandes voiles et les ponts grouillant de vie. J'ai vraiment compris cela il y a quelques années, en allant à Rouen à une réunion de grands voiliers. C'est un souvenir impérissable. J'ai peut-être du être dans la marine dans le passé, vu le sentiment que j'ai alors éprouvé.

En tout cas, cela n'est plus le cas maintenant, parce que j'ai aussi découvert, à cette occasion, que je préfère le plancher des vaches au roulis permanent. Nul n'est parfait !

1 commentaire:

prune a dit…

Pour mettre la nouvelle en chanson...

Si j'étais un homme de Diane Tell


Moi, si j'étais un homme, je serais capitaine
D'un bateau vert et blanc,
D'une élégance rare et plus fort que l'ébène
Pour les trop mauvais temps.