jeudi 3 avril 2008

Je préfère les petits enfants



Cette semaine, c'est l'enfer. C'est le grand salon des grands enfants. Toute l'année, il rêve de cela. Et encore ! S'il ne faisait qu'en rêver ! Non, il agit, se prépare, passe de longues heures enfermés ou avec ses copains, tous aussi fanatiques que lui. Et puis, il y a les répétitions. Les journées ou weekend à droite ou à gauche où il peut mettre en œuvre son savoir-faire.

Les petits enfants, eux, ils jouent plus ou moins bruyamment seuls ou entre eux. Ils varient dans leur goût au fil des saisons et des rencontres. Ils alternent jeux de société, sports et télévision (en attendant internet). Pour eux, vous existez. D'une part parce qu'ils attendent des câlins et des soins et d'autre part parce que si vous n'êtes pas là, ils vous réclament à haut cri. En tout cas, vous pouvez vivre en parallèle, faire ce que vous avez à faire ou ne pas faire, tout en étant discrètement en contact avec eux.

Avec les grands enfants, c'est une autre affaire. Ils ont leurs passions, leurs marottes et vous êtes à la périphérie. Votre rôle est utile et serviable, mais peu valorisé. Vous existez à certaines heures, mais vous êtes taillable et corvéable à toutes heures. C'est l'existence dans l'ombre. Très valorisant !

Nous voilà donc ce weekend au salon du modélisme au Bourget. Imaginez un gigantesque hangar au milieu d'une zone aéroportuaire; Si Le Bourget, au nord de Paris, n'est plus un aéroport d'escale, il reste actif pour les avions de tourisme. Bref, arrivée là, vous êtes bloqués sans autre espoir que de prendre des bus ou un lointain RER pour arriver dans des zones plus hospitalières. La galère !

Dans ce hangar, une multitude de grands enfants, de 30 à 70 ans qui traînent leurs passions avec eux et accessoirement leurs enfants par la main (il faut justifier sa venue). Leur objectif : retrouver leur enfance et tout ce qu'ils (n') ont (pas) eu : avions télécommandés, trains miniatures, maquettes, voitures, bateaux…. Ici, des dizaines de stands proposent du rêve en tous genres. De vastes espaces sont réservés à des démonstrations qui de bateaux avec des sous-marins qui lancent des torpilles fonctionnelles (sic), des camions qui volent et accessoirement roulent et des bolides plus fous et rapides les uns que les autres.

Quelques femmes aussi qui accompagnent leurs maris de peur qu'ils ne perdent (ou oublient) les enfants dans ce gigantesque zoo pour adultes; Bien sûr, il y en a aussi des passionnées, tout est possible. Moi, pour ma part, je n'en fais pas partie. Pire, je suis du mauvais côté de la barrière : en cage. Oui, j'ai bien dit en cage; Non pas déambulant avec le public, attendant tranquillement le moment de partir, mais derrière des barreaux du matin jusqu'au soir.

Mon mari, compagnon, ami… vit ici le rêve de sa vie faire circuler son bolide sur un vaste circuit. Au début, je croyais qu'il suffisait d'arriver avec sa voiture télécommandée, de la poser sur la piste, puis de lui faire faire quelques tours et après, à nous la belle vie ! Que nenni ! Il passe sont temps à la préparer, la réparer, l'entretenir; Une à deux heures de travail pour cinq minutes de piste. Et le soir ? Moi qui espérais, venant de province, profiter un peu de Paris et de ses spectacles, j'ai été déçue. Même au restaurant, il est encore dans son trip, préparant sa course du lendemain.

Alors, vous me voyez sur la photo ci-dessus : enfermée dans ma cage à circuit, je lis, avec autour de moi des centaines de grands enfants agglutinées aux grilles. Je m'en moque. Au bout d'un moment, je n'entends plus rien et moi aussi je suis plongée dans mon monde. A chacun son plaisir ! Le temps passe plus vite. Au fait qu'est-ce que je lis ? Jules Verne : "Le tour du monde en quatre-vingt jours", "vingt mille lieux sous les mers", … Au moins, cet auteur qui a imaginé des voyages vers la lune ou au bout du monde n'a guère imaginé les voitures; Toujours cela de gagné.

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