samedi 17 avril 2010

Pétition pour la retraite après 400 ans d’activité


Mesdames, mesdemoiselles, messieurs,

J’ai l’honneur de requérir votre signature au bas de cette missive. Nous souhaitons obtenir, dans votre intérêt (et le nôtre) la possibilité pour chacun de prendre sa retraite à taux plein après 400 ans de bons et loyaux services.

En effet, cela fait près de 380 ans que nous œuvrons ici. Alors qu’il ne nous reste plus que quelques années pour pouvoir prendre une retraite bien méritée, le responsable de notre établissement vient de nous annoncer que les caisses de la société de retraite étaient vides et que nous devrions attendre une centaine d’années de plus avant de pouvoir nous retirer.

Comprenez bien notre position : nous travaillons à l’accueil de cet établissement. Situées à l’extérieur du bâtiment, nous affrontons le gel, la canicule, la pluie, la poussière, la pollution automobile… sans jamais perdre notre bonne humeur et notre sourire.

Progressivement, au fil des siècles, nous sommes montés en compétences : nous avons du nous mettre, après M. Napoléon, à l’anglais et au russe, puis à intervalles réguliers à l’allemand (1815, 1870, 1940) et, plus récemment, au japonais. Nous ne sommes pas contre l’ouverture culturelle (nous apprenons le mandarin en ce moment), mais nous n’avons plus 120 ans, l’âge de la prime jeunesse, et cela devient plus difficile. Je ne parle même pas de mes collègues qui apprennent en ce moment l’arabe pour partir à Abu Dhabi.

Nous demandons également des points de retraite supplémentaire pour faits de guerre. Nous avons vécu des occupations (1815), des bombardements (1914), des incendies criminels (1870), … et, pourtant, nous sommes restées fidèles et stoïques à notre poste.

Un récent rapport des Nations Unies a conclu qu’il était plus risqué d’être une femme qu’un soldat en période de guerre. Nos responsables devraient le lire, eux qui disent que nous avons été durant ces périodes au repos et qui refusent de valider ces années-là. Bien sûr, nous n’avons pas porté de casques lourds ou de fusils, mais qui faisait la tambouille pendant ce temps ?

Regardez ma collègue : elle s’est carrément fossilisée. Voyez nos moyens de travail : nos livres : ils se sont durcis. Nous avons demandés des ordinateurs, des I-Pad, des moyens modernes, mais notre Direction reste sourde à nos propos.

Nous avons également demandé à intervalles réguliers de pouvoir prendre une retraite progressive, en alternant avec des plages au chaud dans le bâtiment et de l’accueil du public à l’extérieur. Il n’y a que les planqués et les chouchous des conservateurs qui y ont le droit.

La circulation automobile augmente la pollution et nous commençons à souffrir de maladies de peau. Ce ne sont pas les traitements au karcher tous les 20 ans qui y changeront quelque chose. Quant aux pommades dont on nous badigeonne à cette occasion, elles nous donnent mal à la tête.

Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, c’est pour vous que nous nous battons, pour la gloire de la culture française. Venez à notre aide.

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