Il était une fois, il y a bien des années un promeneur …désœuvré
qui parcourait la région de part en part sans trouver le repos.
Il se sentait de plus en plus lassé tandis qu’il parcourait ainsi
tant de pays sans jamais vouloir s’arrêter. Seul l'exercice physique lui
faisait du bien et le maintenait en bonne santé.
Un jour, alors qu'il était assis sur une butte et que son regard qui parcourait
les champs jaunes et verts et bruns, son regard aperçut en contrebas, sur la
route ordinairement facile, un attelage qui avançait cahin-caha. Il remarqua l'allure irrégulière des deux chevaux, l’un noir et l’autre
blanc qui tiraient une charrette légère, libre de tout chargement. Le cocher,
tant bien que mal, poussait l'attelage à progresser mais les deux chevaux ne
parvenaient pas à .se …synchroniser, à… marcher ensemble. Le cocher utilisait
le fouet et vociférait et ses paroles dures peut-être parvenaient aux oreilles
du promeneur intrigué. Le cocher avait beau se démener mais rien n'y faisait.
Il se sentait impuissant. En effet quelques minutes plus tard, l'attelage
s'arrêta.
Le cheval noir était épuisé et il ne pouvait pas…
continuer la route. Tandis que le promeneur sur sa butte observait la scène, le
ciel commençait à s’assombrir. L’orage semblait tout proche. Alors, sans y
penser, naturellement, simplement, il vint vers la charrette et rejoignit le
cocher qui avait perdu l'espoir de continuer son chemin pour …rentrer à la
maison. Les nuages s’amoncelaient. Et chacun sentait que la journée
commençait à décliner. Il fallait rentrer au plus tôt.
Le promeneur et le cocher ont alors échangé des paroles encourageantes et apaisantes. Ces paroles
ont calmé leurs esprits et leur ont donné de l'espoir d’arriver à une
situation acceptable, ils ont cherché ensemble plusieurs possibilités et leurs
avis conjugués ont trouvé la plus acceptable et ils pensèrent que cela
pourrait changer la situation. Le cheval noir était bien malade. Ils étaient
dans la nécessité de s'en séparer. A deux, la tâche était plus légère, et
tout en parlant avec douceur au cheval, ils se mirent à desserrer ses liens, à
le débarrasser de son harnais et celui-ci fut dételé et …libéré. Leurs
yeux découvrirent un abri de berger de l'autre côté de la route, et un peu plus
loin, un champ d’herbe verte et fraîche, et c'était… rassurant. Ils
commençaient à …respirer. Ils respiraient profondément soulagés. Quelqu'un
pourrait veiller le cheval. Et c’est alors que le promeneur proposa de
l'emmener, près de ce refuge. Le promeneur et le cheval cheminèrent ensemble,
doucement, et leurs regards témoignaient de leur tendresse et la main du
promeneur apaisait le cheval qui semblait comprendre et accepter la
situation tandis que le cocher sur la route s’affairait à mettre de
l’ordre dans l’attelage. Et tout en travaillant à équilibrer le
nouvel attelage avec le cheval blanc le cocher reconnut là-bas des toits de
tuiles rouges protégés par une ceinture d’arbres. Le clocher dépassait le hameau et se voyait des alentours
et les voyageurs pouvaient ainsi se repérer. Le temps avait passé. Le promeneur
s'était acquitté de sa tâche. Il avait remis le cheval aux bons soins du
berger.
Quand il revint vers la charrette, le cocher avait pu remettre en
place l'attelage. Le cheval blanc, bien attelé, était capable demener à bon
port les deux voyageurs. Le promeneur prit quelques touffes d’herbes fraîches
pour lui donner de la force et continuer la route.
Entre le cocher et le promeneur, il s'était établi une complicité
et une grande confiance. Il y avait un lien qui pourrait au fil des jours
devenir une belle amitié. La charrette avançait tranquillement vers le village
tandis que les nuages lourds se dispersaient, poussés par le vent, et le
ciel se dégageait peu à peu. Les premières maisons apparaissaient, et
ce qu’ils avaient pris pour un hameau était en réalité un village pittoresque.
Le village les accueillit avec simplicité et gentillesse,
naturellement, sans poser de questions. Les paysans étaient toujours heureux
d’offrir l’hospitalité aux voyageurs. Sur la place fleurie, autour de la
fontaine d’où jaillissait une eau claire et pure, jouaient des enfants, pleins
de vie. Ils entourèrent aussitôt l’attelage et flattèrent le cheval blanc. L’un
d’eux apporta un seau d’eau fraîche pour étancher sa soif. Et le promeneur et
le cocher, tout en les remerciant, s’approchèrent de la fontaine. Leurs mains
se tendirent vers son eau limpide et ils se mirent à boire avec délices. Le promeneur et le cocher ensemble se
tournèrent vers le cheval blanc et lui adressèrent des regards et des
paroles de tendresse tandis qu’un jeune homme apportait une botte de foin
Là, des femmes achevaient de dresser une grande table dans la cour
ombragée de chênes centenaires. Les parfums, les senteurs du
dîner parvenaient jusque-là.
Des ouvriers agricoles arrivaient par petits groupes, bavardant et
riant. Ils avaient terminé leur journée bien remplie. Aussitôt, les deux amis
furent invités pour partager le repas et la gaieté des paysans. Ils tentèrent
bien de refuser cette invitation. Mais ils ne trouvèrent aucune raison pour
rester à l’écart. Les gens étaient heureux et simples et leur proposèrent
un abri pour la nuit. Et c’est ainsi que le promeneur et le cocher offrirent
tout naturellement de mettre la main à la pâte et de partager les tâches
naturelles de la vie. Tout le monde s’était attablé : les enfants au bout de la
table avaient faim et mangeaient avidement. Entre deux bouchées, ils jetaient
des regards vers nos deux amis et leur faisaient des signes de complicité. Ils
étaient heureux de leurs présences. Les convives appréciaient les plats
préparés par les femmes qui recevaient les compliments en plaisantant.
Les conversations s’étaient engagées sur les promesses de la moisson et de
la vendange de cette année. Dans ce coin de campagne, la nature était
généreuse et les paysans étaient pleins de vigueur et de vie. La journée
se finissait dans la bonne humeur et l’amitié. La maîtresse de maison leur
donna un lieu pour se reposer et la nuit protectrice apporta le réconfort
aux esprits et aux corps.
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