samedi 26 janvier 2008

L'art brut nous envahit



En arrivant à la station de métro "Courcelles", j'ai un choc : des murs nus, grossièrement travaillés, le panneau de station qui pend au bout d'un fil et les plans de métro posés contre le mur. Que se passe-t-il ? "C'est le nouveau décor de la station" me répond-t-on, la RATP investit l'Art. Il y a eu Georges Pompidou avec son ensemble de tuyaux colorés (NDR : "Centre Georges Pompidou" à Beaubourg), Mitterand et sa pyramide de verre au milieu des pierres du Louvre, Jacques Chirac et son musée des Arts Primitifs (Pense-bête : il faut que j'aille le visiter) et maintenant la RATP qui fait dans l'art brut. Cela me fait tout à coup penser : qu'a fait Valery Giscard d'Estaing ? Que fera Sarkozy ? Mystère…

Bon, donc la RATP se lance dans l'art brut. Pourquoi pas ? On ne peut poser dessus (quoique j'ai entendu dire qu'il y a un photographe qui adore coller ses affiches en suivant les découpes des murs.), mais cela peut être tagué. Danger !

J'interroge les quelques personnes présentes sur le quai. Leurs réponses sont au départ politiquement correctes : "c'est beau", "c'est étonnant", puis très vite cela dérape : "c'est la mode : après la télé sans pub, voici le métro sans affiches". La discussion s'anime : les pour, les contre : "qui va payer pour compenser l'absence d'affiches ?", "qui va en profiter ?"….Les gens sont tellement pris par leur discussion qu'ils en oublient les métro qui passent. Les employés de la station s'en inquiètent; ils quittent le confort et l'abri de leurs guichets et viennent s'enquérir de ce qui se passe.

"Je ne veux pas que France 2 soit privatisé" leur dit une dame BCBG. Un agent de la RATP s'en étonne : "mais madame, la RATP n'est pas actionnaire de France 2". "Justement" lui répond-t-elle, "vous en prenez le chemin". Devant cet ensemble de quiproquo, j'essaye de m'esquiver en sautant dans une rame. Les voyageurs sur le quai m'en empêchent : "c'est trop facile. Vous ne nous avez pas encore donné votre avis : pour ou contre ?" N'osant me prononcer de peur de ranimer le débat, j'esquive en interpellant les agents : "Ce sera fait dans toutes les stations ?" "Bien sûr que non" me répond celui qui paraît le plus gradé, "comment voulez-vous faire cela dans une station en plein air ? Le décor est laissé à l'appréciation du chef de station." Ses collègues s'insurgent : "Et nous ? On n'est pas consulté ? On va en parler aux syndicats !"

Nous voilà, alors, les "usagers" obligés de séparer les employés qui s'emportent. Je profite de ce mouvement pour m'esquiver discrètement.
Un conseil : évitez quelques temps la station !

Aucun commentaire: