vendredi 11 janvier 2008

Le voyageur léger


Amiens, Caracas, Pékin, Aubervilliers, Nairobi… j'en vois du pays. Pas directement, bien sûr, mais plutôt par le truchement des courriers et des colis que je transporte. Oh moi, je voyage un peu : Gare de Lyon, Marseille (eh oui, je prends le TGV), Paris Brune… On me charge de sacs de courriers, je prends le camion ou le train, direction la salle de tri et au boulot. Les postiers me vident sans ménagement, trient mon chargement, remettent en sac et me recharge. Pas le temps de souffler, direction une nouvelle destination, tri à nouveau, etc. Pas question de voir le paysage. Il n'y a pas de fenêtres dans les transports ou les salles. Alors, je ne sais jamais où je suis.

Aujourd'hui, je suis gardien de places de stationnement devant le bureau de poste. C'est le Pérou. Je suis à l'air. Je regarde à droite, à gauche. Je vois passer les piétons, les touristes ("c'est moi qui porterait votre courrier"), les voitures. En face de moi, un musée (Bibliothèque historique de la ville de Paris) . Celui-ci parle des livres à Paris. L'affiche me fait envie, j'aimerais bien le visiter. Pourtant, je ne fais guère d'illusion. Je n'ai jamais vu de chariot y entrer, ni en sortir d'ailleurs. Ce n'est pas de ma faute, je suis curieux. Je m'intéresse à tout ce qui m'entoure, j'écoute les gens parler, je discute avec les sacs postaux et les timbres. Les timbres français, bien sûr, parce que je ne suis pas polyglotte.

J'aimerai bien voyager plus loin. Des sacs m'ont raconté leur voyage en avion. L'arrivée dans des pays chauds, les cris, les senteurs, la chaleur. Ah, c'est cela la vie.

Et moi, pendant ce temps là je fais le pied de grue sur un trottoir. Dans quelques minutes, un camion jaune arrivera. Le chauffeur descendra, me bousculera et me propulsera sur le trottoir. D'autres de ses collègues viendront l'aider à décharger ses sacs et à repartir avec d'autres. Avec un peu de chance, je serai parmi ces derniers et une nouvelle aventure commencera à 10 minutes ou à 10 heures d'ici. Sinon, ce sera la nuit dans un rebut, collé les uns aux autres.

C'est cela la vie de postier : être utile, voir du pays, rencontrer du monde… Pour rien, je n'en changerai.
Quand vous ouvrirez votre courrier, ayez une pensée pour moi. Je fais partie de la chaine !

Ecrit le 7 janvier à Paris

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