mercredi 30 janvier 2008

Les murs en tremblent encore


Les murs en tremblent encore et moi aussi; il fat que le débat a été passionné. Ce soir, on parlait de géopolitique (c'est du moins ce que j'ai compris). Il faut dire qu'ils avaient mis les petits plats dans les grands. Plein de monde. Ils ont même rappelé en renfort certains de mes collègues en congés.

La salle s'est vite remplie. Cela a commencé tambour battant. Ah oui, au fait, j'ai oublié de me présenter. Je suis la "114" ! Oui, la "114", enfin la chaise "114" si vous préférez. Pourquoi je m'appelle comme cela ? Parce que je suis étiqueté "114" à l'inventaire. C'est cela l'état civil des chaises mobiles.

Revenons à notre débat. Donc un monsieur (je ne vois rien, surtout lorsque quelqu'un s'installe sur moi, mais j'entends) a annoncé la soirée en précisant que l'orateur fait de la géopolitique et qu'il avait besoin de sous (lui ou le géopoliticien ?) Puis, un autre homme, que tout le monde appelait le "maire" a refait le même discours; lui n'avait pas besoin de sous, mais de voix. Enfin, une dame a représenté le géopoliticien, en précisant qu'elle avait de sous et de voix (adhésion). Après tout cela je me demandais ce qu'allait raconter l'orateur.

Premier constat, l'orateur n'avait besoin ni de sous, ni de voix. Deuxième constat : ce qu'il a dit était passionnant, vu que la salle est restée silencieuse durant son discours, ce qui n'a pas empêché les uns et les autres de se trémousser sur leur siège en signe d'accord et de désaccord (je sais reconnaître cela à la manière dont nous grinçons).

Essayons de résumer : Il y a une ville qui est convoitée par beaucoup de monde depuis longtemps. Chaque tendance a ses partisans, ses ennemis et une foule d'arguments. Qui a raison ? Cela n'a aucune importance, a-t-il dit, parce que cela dépend de la représentation qu'on s'en fait. Qu'est ce que cela veut dire ? C'est simple : il y a des moments où tout le monde a autre chose à faire et à penser et la ville végète. Il y a aussi des périodes où pour trouver un dérivatif à une situation ou unir les gens autour ou contre une idée, posséder cette ville devient un enjeu essentiel et tous proclament qu'ils la veulent depuis toujours. En fait, cette ville s'est créée sans intéresser personne. Puis, un jour des groupes ont rattaché leur histoire à cette ville à tel point qu'ils se demandent comme ils peuvent vivre sans. Pour rendre cela possible, ceux qui étaient intéressés en ont fait une représentation glorieuse qui donné envie aux autres. Cela ne les a pas empêché quelques années ou quelques siècles plus tard de s'en désintéresser totalement. Leur objectif était ailleurs.

Donc, aujourd'hui, il y a deux clans principaux et un outsider. Situation cocasse : les deux clans (ou du moins leur noyau central) voudraient bien négocier, mais leurs vieux amis ("méfiez vous des amis de 30 ans" dit le dicton) sont plus intransigeants qu'eux et les forcent à ne rien céder. Après, il y a eu des questions et le débat s'est terminé tranquillement. La preuve ? Je n'ai été ni renversé, ni bousculé (cela arrive parfois).

Qu'est-ce que j'en ai retenu ? Je suis une représentation. On me donne l'importance que l'on veut. Si le débat est long, je suis importante. Si le débat est court, je suis plutôt une gêneuse et reléguée dans un coin. Et ainsi de suite. Je vais faire, moi aussi, de la géopolitique…de chaise.

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