mardi 12 février 2008

L'homme à la guérite


Oyez braves gens un conte, une image, une parabole. Ecoutez et repartez plus riche. Pourquoi plus riche ? Et d'abord, qui est riche ? Qui est heureux ?


En France, vous pouvez lire les journaux, écouter la radio ou regarder la télévision : vous avez de quoi tomber dans le désespoir entre le chômage, la misère grandissante, l'inertie des hommes politiques de tous bords et les prêtres de religions d'amour qui prêchent la haine.


Venez chez nous, au Maroc. La vie est (relativement) plus simple : ou vous êtes très riche ou vous êtes très pauvre. Bien sûr, les gens que vous croisez ne rêvent que d'une chose, c'est de venir en France, votre eldorado (Si ! Si !). Ils vous parlent de leurs difficultés et de l'inaction permanente des "autorités" (au sens large). Pour vous en convaincre, ils vous récitent des pages entières du dernier rapport de la banque mondiale sur leur pays.


Et pourtant ! Ils savent ce qu'ils quittent, ils ne savent pas ce qu'ils perdent. Bien sûr la misère justifie ces choix. Mais ne vont-ils pas aussi perdre leur âme ?


Regardez ! Vous voyez ici des guérites un peu partout. Chez vous (en France), ce serait un indice de personnage officiel, d'ambassadeur, voire de ministre. Vous-même, avez-vous une guérite près de chez vous ?


Ici, c'est un outil de travail. J'en viens à mon histoire. Voici l'histoire d'un homme à guérite. Un soir, vagabondant dans les rues désertes, j'observe un homme qui dort debout dans une guérite, un œil ouvert. Quelques passants attardés m'en racontent l'histoire : ancien gardien d'immeuble, il s'est retrouvé au chômage suite à une longue maladie. Il est revenu dans son quartier et a demandé du travail à un habitant du quartier. Celui-ci n'en avait pas pour lui, mais, loi de l'hospitalité oblige, surtout dans un pays où le chômage n'est pas payé, il lui propose de lui donner quelque chose chaque mois. Ce dernier, ne voulant pas accepter de salaire sans travail, s'offre à lui garder sa voiture la nuit. Il savait que celle-ci était garée à l'extérieur de l'immeuble.


Les voisins ne tardèrent à remarquer que cet homme, déjà connu dans le quartier, passait ces nuits dans la rue. Dans un pays où le lien social passe par l'échange vocal, son histoire fit vite le tour du quartier. Un, deux, dix voisins s'intéressèrent à sa démarche. De fil en aiguille, son action se transforma en un job à plein temps. Il se procura une guérite et devint ainsi une figure incontournable du quartier.


Voilà un homme qui arrive dignement à joindre les deux bouts. Alors il n'est pas riche, je ne sais s'il est heureux, mais en tout cas, il est fier de gagner dignement son salaire.


Après cela, vous regardez les guérites d'un autre œil.

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