mercredi 6 février 2008

hep « Pour aller à Roissy, disait la photographie, prenez donc un taxi »



En ce jour de manifestation des taxis, voici un texte de Robert Serge Hanna qui fait pendant à celui que j'ai publié il y a quelques jours sur les petits taxis de Casablance (voir plus bas). Je précise que la photo à côté a été prise au Vietnam. Elle me semble bien adaptée.
Je levais plusieurs fois la main, avant qu’un « Yellow Cab parisiannic » à la couleur jaune mystique, ne s’arrêta à ma hauteur pour me dire : "Si vous allez à Roissy, montez, je vais par là aussi".
La portière à peine refermée j’eus le sentiment que nous allions décoller, que le moteur allait éclater. A défaut de pouvoir suivre la petite ceinture des boulevards extérieurs, alors que je n’avais pas encore accroché la mienne, il s’enfila en trombe dans la bretelle du périphérique, direction l’enfer !
D’embouteillages en barriques, en ralentissements chroniques, de déboîtages critiques en moqueries sarcastiques, il maxi risqua la situation. De porte en porte tout se compliquait et l’affaire devenait soudainement tragi-comique. Les mains littéralement soudées à la banquette, cherchant le masque à oxygène, le regard d’une hôtesse et le sac en papier ! J’agonisais presque. Le malaise allait tourner à l’infarctus ! J’avais dû, néanmoins, changer de couleur car mon chauffeur Cambodgien me demanda, nasillard, ironique et par hasard :
- Vous ne seriez pas d’origine asiatique ?! ( Humour de Phnon Penh ! )
La main devant ma bouche et par respect pour le cuir de la banquette, hochant la tête de gauche à droite, je lui fis signe que non, sans lui donner plus de précision. A cet instant je pouvais tout rendre mais pas donner !
De pointes de vitesse, (au diable les radars, il connaissait du monde à la perfesture !) en pointes de pollution, tout marchait à fond dans cette machine à laver les émotions : La musique Pop me « soul !» Un comble pour quelqu’un qui habite sous les toits de Paris ! Les photos de sa famille squattaient le tableau de bord. De chaque coté trônait un ventilateur à deux Euros soixante et six sous ! Une petite pagode rouge se balançait au bout de son fil doré accroché sous le rétroviseur : « Le bonheur au volant » et l’odeur d’un déodorant aphrodisiaque !
- Cela ne vous dérange pas que je chante un peu ?
- Non, non, pas le moins du monde, mais si vous pouviez ralentir un peu ?
- Vous avez peur des radars ?
- Non ! Je voudrais seulement rester un peu vivant ! On m’attend à Roissy.
- Je veux bien essayer, mais vous risquez de louper votre avion ! Vous savez, Monsieur, l’avion ça n’attend pas ! Hi ! Hi ! Hi !
- Celui-là, si. Celui-là, il ne peut pas partir sans moi : c’est moi le pilote !
-Ah bon ! Vous ne pourriez pas m’avoir du travail dans votre grand cirque ? A l’évidence il avait dû lire P.Clostermann !
- Avec plaisir, mais vous devriez d’abord essayer « BOUGLIONNE, » « PINDER, » « AMAR, » ou « GRUSS » ?

C’est quand même beau un avion qui rêve calmement d’un pilote sur le tarmac !


Robert Serge Hanna

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