mercredi 5 mars 2008

Je cherche le métro…


Inauguration discrète cette semaine d'une nouvelle station de métro temporaire. Suite à mon reportage sur les stations Ternes et Courcelles, j'ai été invité à y participer. Convoqué en un lieu à l'air libre, j'y ai été conduit les yeux bandés. Arrivé sur le quai, mon accompagnateur me l'a alors enlevé. L'effet est saisissant. Une station toute propre, des murs vides, des panneaux d'information masqués sur les quais. Bien entendu les métros de la ligne (?) s'y arrêtent. Par contre, je ne vois personne en descendre; ne sachant pas où ils sont, les passagers doivent hésiter. Par ailleurs, personne ne monte dans les rames. On m'explique qu'il s'agit de figurants placés sur le quai pour créer l'illusion de…

On me présente le réalisateur de cette action. Voici en quelques mots ses propos : "les clients du métro aiment à la fois la sécurité et le mystère. La sécurité, c'est celle de la ligne, du rythme des stations, la stabilité des noms de stations (quelle affaire pour changer un nom !); Le mystère, c'est celui de l'aventure, du voyage. Bien plus, les noms de stations comme Pyramides ou Bastille vous font voyager qui dans l'espace, qui dans le temps. Nous avons voulu créer une station temporaire où chacun peut se projeter, s'y imaginer et en ressortir rapidement. Une station que chacun voit, mais ne peut retrouver, une station qui est là et en même temps sur aucune carte. Quelques comédiens au chômage et des étudiants se relaient et créent l'illusion de la vie. Puis, cette station sera supprimée et transposée dans un autre lieu d'exposition".

Un peu incrédule, je me demande comment on a pu créer une station à l'insu de tout le monde et surtout comment on pourra la faire disparaitre de même. J'observe qu'il n'y a quasiment personne à cette inauguration. Puis je me raisonne : il n'y a pas eu de carton d'invitation pour cette inauguration. Ceux qui ont eu écho de cette journée ne peuvent s'y rendre puisque la station n'est pas localisable.

Au bout d'un moment, n'y tenant plus, je saute dans une rame qui passe, s'y arrête et repart vers la réalité. Curieux, j'interroge les passagers sur le nom de cette station. Ils me citent des noms divers de stations. J'insiste. Ils me regardent alors étrangement. A la station suivante, je descends, passe sur le quai d'en face et reprend le métro sur le quai d'en face. Cette fois-ci je sais où je suis puisque j'ai changé de rame dans une station bien connue. Poussé par la foule, je me retrouve dans le milieu du wagon. Arrivé à ma station "fantôme", personne ne veut me laisser passer pour descendre. J'ai beau demandé poliment, supplié, tempêté, rien n'y fait; les autres passagers s'étonnent que je veuille descendre dans un tunnel. Je leur montre la lumière, les gens sur le quai, rien n'y fait.

Le lendemain, je décide de retenter l'expérience : la station a disparu. Pourtant, je suis bien parti de la même station que la veille et dans la même direction; Dans le tunnel, c'est la nuit noire et des murs solides. Je me renseigne auprès des employés de la RATP qui me regarde incrédule et me propose d'appeler…un médecin. Je les en remercie et m'éloigne vivement avant l'arrivée des secours venus me chercher. J'appelle la personne qui m'a branché à l'origine sur cette inauguration. Elle ne comprend pas mon appel, mais promet de se renseigner. Quelques jours, je reçois un message sur mon portable : la station est partie en tournée avec le Cirque du Soleil !

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